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Education physique

1. La gymnastique


Projet Lakanal sur l'instruction publique du 27 brumaire an III.

Les élèves seront instruits dans les exercices les plus propres à entretenir la santé et à développer la force et l’agilité du corps. En conséquence, les garçons seront élevés aux exercices militaires… On les formera, si la localité le comporte, à la natation… Il sera publié des instructions pour déterminer la nature et la distribution des autres exercices gymnastiques propres à donner au corps de la force et de la souplesse, tels que la course, la lutte, etc…

  

Les massues et les haltères font partie des engins peu coûteux pour la gymnastique

Gymnase normal militaire et civil d'Amoros.

Dessin de Marlet, 1832.

L’enseignement de la gymnastique est peu appliqué dans les écoles primaires dû notamment aux locaux, à l’achat des appareils et agrès indispensables et à l’incompétence des maîtres.

Après la défaite de Sedan le 1er septembre 1870 et la capitulation de Napoléon III, la 3ème République est proclamée. Une période de mobilisation revancharde s'installe, on assiste à la montée d'une ambiance militaire et d’un patriotisme exacerbé. Le manque de préparation physique, morale et intellectuelle est invoqué pour expliquer cette défaite.

Jules Simon lance des circulaires pour attirer l'attention sur les bienfaits des exercices physiques.

La loi du 27 janvier 1880 déclare que l'enseignement de la gymnastique est obligatoire dans tous les établissements d'instruction publique de garçons. Elle prévoit que seront enseignés les exercices sans appareil et les exercices militaires élémentaires.

Aussitôt, une commission centrale est chargée de rédiger, sous forme de manuel, les programmes applicables à cet enseignement.

Un autre Manuel à l'usage des écoles primaires et secondaires de filles et des écoles normales primaires d'institutrices, est rédigé spécialement en vue de l'enseignement des filles.


- Manuel de gymnastique à l'usage des écoles primaires et secondaires de filles et des écoles normales primaires d'institutrices, Ministère de l'Instruction Publique, librairie Hachette et Cie, 1883.

L'enseignement est divisé en deux parties : gymnastique sans appareils et gymnastique avec appareils.

Le programme de l'arrêté ministériel du 27 juillet 1882 définit la gymnastique et les exercices militaires à inculquer aux élèves.

En 1884, les deux parties du Manuel de gymnastique et des exercices militaires sont refondues en trois manuels distincts : Manuel de gymnastique, Manuel d'instruction militaire à l'usage des établissements scolaires et Service de marche, définitions topographiques, instructions sur le tir.

Sous le ministère de Paul Bert, la commission centrale de gymnastique est supprimée.

A côté de cette gymnastique militaire, des précurseurs d’autres méthodes d’éducation physique se font connaître. Ils donneront naissance à la méthode française d’éducation physique.

Médaille de la ville de Moulins - Fêtes nationale du 14 juillet - Ecoles communales - gymnastique.

Attribuée à Marie Marchal en 1885.

La méthode d’Amoros (gymnastique d’agrès)


Le colonel espagnol, naturalisé français, Amoros (1770-1848), proclame que la gymnastique doit non seulement développer les qualités corporelles, mais améliorer les mœurs et les sentiments, et préconise le contrôle des résultats par « le signalement du corps de l’enfant et la mesure de sa force ». Cette technique introduite en France en 1815, a constitué l’enseignement de l’école de Joinville jusqu’en 1903, et par l’influence de ses instructeurs, celui de l’armée, des lycées et des écoles.

On lui reproche d’avoir pour fin presque unique le développement des muscles, l’acquisition de la force plutôt que de la santé. Elle est difficile à pratiquer hors des écoles spécialisées et sans maîtres entraînés. Elle ne peut être pratiquée à la fois que par un très petit nombre d’enfants, elle développe l’esprit d’émulation, mais nullement l’esprit d’équipe.

PROGRAMMES DE L’ENSEIGNEMENT DE LA GYMNASTIQUE DANS LES ETABLISSEMENTS DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.

(Arrêté du 8 août 1890.)



ECOLES MATERNELLES ET CLASSES ENFANTINES


1re section (de 2 à 4 ans). – Rondes, marches, jeux variés (balle, cerceau), mouvements rythmiques, jeux mimiques accompagnés de chants.


2e section (de 4 à 6 ans). – Continuation des exercices précédents. – Jeux variés (corde, balle, cerceau, etc.) – Premiers exercices d’ordre (formation de rangs, marches, ruptures et rassemblements).


3e section (classes enfantines) [de 6 à 8 ans]. – Continuation et perfectionnement des exercices précédents. – Jeux variés (corde, balle, cerceau, etc.). – Premiers exercices d’ordre (formation des rangs, marches, ruptures et rassemblements, etc.) (2).


(1)On suivra pour les exercices gymnastiques le manuel publié par le Ministère de l’Instruction publique.

(2)On se conformera, pour le temps à consacrer aux exercices corporels à l’école maternelle, aux dispositions du règlement général sur ces sortes d’établissements.



ECOLES PRIMAIRES ELEMENTAIRES DE GARCONS ET DE FILLES


Le temps consacré chaque jour aux exercices physiques doit être de deux heures, sur lesquelles on réservera à la gymnastique une demi-heure au moins pour les enfants au-dessous de dix ans, trois quarts d’heure au moins pour les enfants au-dessus de dix ans. Ce temps serait avantageusement reparti en deux séances. Les travaux manuels pas plus que les exercices militaires spéciaux (maniements d’armes) ne pourront être considérés comme leçons de gymnastique.


ECOLES DE GARCONS


COURS ELEMENTAIRE.

Evolutions. – Premiers mouvements rythmés. – Jeux variés (corde, balle, cerceau, etc., et jeux impliquant l’action de courir. – Premiers exercices d’ordre. – (Formation des rangs, marches, ruptures et rassemblements, etc.). – Sauts divers, à l’exclusion du saut en profondeur.


COURS MOYEN.

Jeux. – Mouvement élémentaires sans appareils. – Continuation des exercices d’ordre. – Marches rythmées. – Doublement. – Dédoublement. – Mouvements élémentaires de la boxe française. – Planche d’assaut. – Natation.


COURS SUPERIEUR.

Jeux. – Promenades scolaires. – Continuation des exercices indiqués pour le cours moyen. – Evolutions à la marche cadencée. – Mouvements d’ensemble avec instruments appropriés à l’âge des enfants. – Suite des exercices de boxe. – Bâton, canne. – Exercices deux à deux avec cordes ou barres. – Exercices aux échelles (échelle horizontale, échelle inclinée, échelle avec planche dorsale, échelles jumelles) (1). – Perches verticales fixes par paire. – Poutre horizontale. – Mât vertical.

(1)Deux échelles spéciales suffisent pour réaliser les principaux exercices.


ECOLES DE FILLES


Mêmes exercices que dans les écoles de garçons, à l’exception de la boxe, du bâton et de la canne, qui seront remplacés par la danse et des jeux spéciaux.

Instruments et appareils de gymnastique pour les écoles primaires élémentaires.


Garçons.


Barres en bois.

Perches verticales.

Echelles horizontales (5 mètres).

Grande corde lisse (10 mètres).

Poutre horizontale.

Sautoir avec niveau et cordeau.

Sangles ou chevalets pour exercices préparatoires de natation.


Filles.


Barres en bois.

Perches verticales fixes ou mobiles par paires.

Echelles horizontale (5 mètres).

Poutre horizontale.

Sangles ou chevalets pour exercices préparatoires de natation.

Cordes à sauter (petites et grandes).


Jeux.


Raquettes ou tambourins.

Ballons.

Balles.

Volants.

Cordes à sauter.

Tir à l’arc ou au javelot.

Jeu de grâce et de cornet.

Jeu de boules et de quilles.


 Enseignements

Voulez-vous cultiver l'intelligence de votre élève, cultivez la force qu'elle doit gouverner, exercez continuellement son corps, rendez-le robuste et sain, pour le rendre sage et raisonnable. (J.-J. Rousseau dans l'Emile, 1761)

  

Vers 1816, la France ne possède encore aucun gymnase, lorsque, sous l'influence du Traité de gymnastique médicinale et chirurgicale de J.-C. Tissot paru en 1780, Amar Duvivier et Jauffret tentent de timides essais pédagogiques.

Sous l'influence des idées de Pestalozzi, Clias, officier d'artillerie de l'armée suisse, présente à la Société de médecine de Paris son ouvrage intitulé Gymnastique élémentaire et, sur le rapport favorable du docteur Bally, demande le patronage de la Société pour l'Instruction élémentaire. Malheureusement, Clias rencontre de tels obstacles pour la réalisation de son plan d'éducation physique, qu'il échoue. Découragé, il passe en Angleterre.

A la même époque, Amoros, directeur d'un institut gymnastique à Madrid, vient à Paris et est attaché pendant quelque temps à divers établissements d'instruction en qualité de professeur de gymnastique.

Vers 1820, plusieurs gymnases sont créés à Paris.

Quand Clias rentre en France, il se consacre à la propagation de la gymnastique. A Paris, il est chargé de l'enseignement de la gymnastique dans les écoles communales, enseignement créé sur le rapport de Boulay de la Meurthe, et l'avis conforme du préfet de la Seine et du Conseil municipal.

En 1842, Clias publie une seconde édition de son Traité de gymnastique, et l'année suivante il fait paraître La Callisthénie ou Somacétique naturelle appropriée à l'éducation des jeunes filles.

En 1845, le docteur Bouvier présente à l'Académie de médecine de Paris le dernier ouvrage de Clias : La gymnastique populaire.

De son côté, quelque temps avant sa mort, en 1847, Amoros publie son Manuel de gymnastique, en deux volumes.

On peut considérer Clias et Amoros comme les deux maîtres de l'école gymnastique en France.

Dans les principales villes de France, les autorités locales introduisent la gymnastique dans l'enseignement. A Paris, l'assistance publique édifie des gymnases dans les hôpitaux d'enfants, et en confie la direction à Napoléon Laisné, qui vient de publier son premier ouvrage : Gymnastique pratique.

L'opinion publique est de plus en plus favorable au développement de la gymnastique.

L'Université ne peut désormais rester en dehors du mouvement.

  

Falloux, dans sa loi de 1850, indique que l’enseignement primaire peut comprendre la gymnastique.

Le 24 mars 1851 paraît le règlement relatif aux écoles normales primaires, qui classe la gymnastique dans les matières de l'enseignement.

Victor Duruy, ministre de l’instruction publique, organise la gymnastique dans tous les établissements publics d’instruction (décret du 3 février 1869). Elle est rendue obligatoire dans les écoles normales primaires. Elle peut être organisée dans les écoles primaires communales, lorsque les conseils municipaux ont avisé aux mesures nécessaires. Les exercices gymnastiques sont dirigés par l'instituteur ou par un maître spécial.

Duruy précise aux recteurs que la gymnastique des lycées et des écoles, au contraire de l'armée, ne doit chercher qu'à développer d'une manière normale et progressive les forces du corps, à en rétablir, au besoin, l'équilibre et l'harmonie. C'est un exercice hygiénique que le médecin surveille et contrôle, et non pas un moyen de produire des prodiges d'agilité ou de hardiesse.

Le 21 avril 1869, un arrêté ministériel détermine les conditions d'achats d'appareils mobiles et d'agrès pour l'enseignement de la gymnastique, suivi d'une note y attachée donnant la liste des appareils et agrès et les formules pour les commandes.

C’est la méthode du colonel Amoros qui sert de modèle.

Le docteur Hillairet recommande aussi aux instituteurs de faire exécuter aux enfants les petits jeux gymnastiques de Mme Pape-Carpentier, qui vient d'être adoptés par les salles d'asiles.

  

- Manuel d'exercices physiques et de jeux scolaires, Hachette,1911.

Etabli conformément aux décisions de la Commission interministérielle instituée par décret de M. le Président de la République du 22 décembre 1904 pour l'unification des méthodes dans les écoles, les gymnases et le régiment.


Du rôle du maître et des mesures d'ordre :

Le maître démontre l'exercice, en commande et en surveille l'exécution, prévoit les accidents et les évite.

Son rôle marque la place qu'il doit occuper : démonstrateur et commandant, il doit être vu et entendu de tous ses élèves ; surveillant, il doit pouvoir juger d'un coup d'oeil de la valeur de l'ensemble, rectifier les fautes particulières et s'assurer la confiance des élèves par la sollicitude dont il les entoure.

La gymnastique et les jeux scolaires


Les instructions de 1887  précisent que l'école doit faire aux exercices du corps une place suffisante pour préparer et prédisposer les garçons aux travaux de l'ouvrier et du soldat, les filles aux soins du ménage et aux ouvrages de femme.

Sur l’initiative de Marey et avec l’appui de Buisson, directeur de l’enseignement primaire, une commission est formée en 1887 pour réviser les programmes relatifs à l'enseignement de la gymnastique.

C’est sous la forme de leçons, d’exercices réguliers, méthodiques, imposés, que l’on enseigne la gymnastique dans nos écoles ; non sans cet appareil inévitable de corrections, de règlements, de punitions que comporte tout cours obligatoire. La promenade même, cet exercice destiné à détendre l’esprit et le corps, a quelque chose d’artificiel et de mécanique… Qui n’a éprouvé un sentiment attristé en assistant aux exercices uniformes et réglementés de la gymnastique officielle ? … cela ne saurait durer : ce n’est pas ainsi que nous donnerons à nos enfants cette Mens sana in corpore sano, proclamée par le poète comme le but suprême de l’éducation. N’attristons pas cet âge jusque dans ses plaisirs : la tristesse ne vient que trop tôt dans la vie humaine ; laissons la joie aux enfants. Rendons-leur l’exercice physique attrayant : ils ne demandent pas mieux que de jouer et de s’épanouir en toute liberté.

Les nouveaux programmes sortent le 8 août 1890 ; le temps consacré chaque jour aux exercices physiques doit être de deux heures, sur lesquelles on réservera à la gymnastique une demi-heure au moins pour les enfants au-dessous de dix ans, trois quarts d’heure au moins pour les enfants au-dessus de dix ans.

Le nouveau Manuel d'exercices gymnastiques et jeux scolaires parait en 1891 ; il combine deux méthodes, l'une, la gymnastique proprement dite, qui consiste en mouvements réglés et en exercices avec appareils et l'autre, les jeux libres et les exercices de force et d'adresse exécutés en plein air. La commission a réduit le nombre des appareils et des agrès inutiles ou dangereux. Elle a supprimé les exercices militaires inscrits dans les anciens manuels car la Commission a pensé qu’il suffirait de donner à l’armée des jeunes gens alertes, vigoureux, hardis et que l’armée se chargerait d’en faire rapidement des soldats disciplinés et exercés. En revanche, elle a introduit dans son programmes différentes sortes de sport, très en honneur chez quelques-uns de nos voisins, trop délaissés chez nous, tels que le canotage, l’escrime, la natation, et d’autres plus à la portée des élèves des écoles primaires, tels que la boxe, le bâton et la canne.

Un arrêté du 27 juillet 1893, pris à la suite d’une réclamation du président de l'Union nationale des sociétés de tir de France, a ajouté des exercices de tir à ce programme. Dans le cours moyen et le cours supérieur des écoles primaires publiques, l'addition suivante est apportée au programme des exercices militaires : « Pour les élèves âgés de plus de dix ans, exercices de tir à dix mètres à la carabine Flobert ».

Il faut mettre partout, à côté de l'instituteur, le gymnaste et le militaire, afin que nos enfants, nos soldats, nos concitoyens, soient tous apte à tenir une épée;, à manier un fusil, à faire de longues marches, à passer les nuits à la belle étoile, à supporter vaillamment toutes les épreuves pour la patrie.

 (L. Gambetta, discours à Bordeaux le 26 juin 1871)

- L’exercice, d’après une peinture de Frère Edouard-Pierre.

  

Afin de préparer le personnel enseignant à donner convenablement l’enseignement gymnastique, des cours spéciaux sont organisés, pendant les vacances, dans toutes les écoles normales, à l’usage des instituteurs non encore familiarisés avec cet enseignement.


Il  se produit en France un mouvement important en faveur des exercices physiques.

Pour stimuler les élèves et intéresser leurs familles à cet enseignement, le ministre décide que tout canton dans lequel les écoles publiques de garçons auront donné un enseignement régulier de la gymnastique, des exercices militaires et de tir, recevra, à l'occasion de la fête  nationale du 14 juillet, un drapeau donné à titre de récompense.

L’école propage des valeurs républicaines fondamentales : le patriotisme, le nationalisme, la liberté, l'égalité, le civisme mais aussi la discipline et le respect de l'autorité. En ce sens on peut dire que la gymnastique de cette fin du 19ème siècle représente un instrument idéologique et participe à une politique d'ordre moral de la jeunesse.

Il y a une éducation physique comme il y a une éducation morale et une éducation intellectuelle.


La gymnastique n’a plus pour but l’acquisition exclusive de la vigueur musculaire et la préparation à la défense nationale, mais de développer harmonieusement le corps de l'enfant, de lutter contre les mauvaises conditions d'hygiène créées par les milieux sociaux et leurs exigences, d'établir un équilibre salutaire antre l'activité physique et l'activité intellectuelle.


Une commission est chargée, en 1904, d’unifier les procédés d’éducation physique actuellement en usage dans les écoles, les gymnases et le régiment.

La gymnastique et les exercices militaires


Le Manuel de gymnastique et des exercices militaires est publié en deux volumes par le ministère de l'instruction publique. L'enseignement de la gymnastique est divisé en deux parties : gymnastique sans appareils, suivie des exercices militaires et gymnastiques avec appareils.

Cet ouvrage émanant de l’école de Joinville peut être considéré comme le premier texte réglementant l’enseignement de la gymnastique à l’école. D’un point de vue pédagogique, tous les élèves font le même mouvement en même temps, tous sont ainsi mieux contrôlés. Il est indispensable d’établir une discipline et des commandements militaires afin de pouvoir faire exécuter en même temps la plupart de exercices élémentaires  (Clias) .

Le 20 mai 1880, Jules Ferry, en adressant aux recteurs le premier volume de ce manuel, s'exprime ainsi dans la circulaire d'envoi :

Le Sénat et la Chambre des députés ont affirmé d'une manière éclatante leur sollicitude pour un enseignement que l'on peut considérer comme le complément indispensable des études scolaires et comme un moyen très efficace d'assurer le bon fonctionnement de nos lois militaires. Les exercices gymnastiques et militaires se pratiquent régulièrement dans les établissements secondaires et dans les écoles normales primaires ; mais le nombre des écoles primaires pourvues de cet enseignement est encore bien restreint ; il reste beaucoup à faire, surtout en ce qui concerne les écoles rurales, et c'est surtout de ce côté que doivent se porter nos efforts. Les exercices de l'école du soldat prescrits par la deuxième partie du manuel sont faciles à apprendre ; on doit y attacher d'autant plus d'importance qu'ils préparent directement les jeunes gens au service militaire. Il en est de même des promenades, qui ont pour objet de leur faire contracter l'habitude de la marche et dont on peut profiter pour leur donner des notions de topographie fort utiles. L'enseignement du tir présente également un grand intérêt. L'administration n'a pas encore adopté l'arme qui devra être employée ; j'espère être en mesure de vous faire connaître prochainement les résolutions qui ont été prises à ce sujet.

Le 29 mars 1881, une nouvelle circulaire ministérielle accompagne l'envoi aux recteurs du second volume du manuel.

En attendant que la question de l'organisation du tir soit résolue, ce qui ne saurait tarder, je vous prie de veiller à ce que les exercices militaires se fassent régulièrement dans les écoles primaires, comme dans les lycées et collèges. Vous savez quel en est le but, quelle importance nous devons y attacher ; suivant l'expression de l'honorable auteur de la proposition de loi sur la gymnastique, « il ne s'agit plus seulement ici de la santé, de la vigueur corporelle, de l'éducation physique de la jeunesse française, il s'agit aussi du bon fonctionnement de nos lois militaires, de la composition et de la force de notre armée ». Tous les enfants qui fréquentent nos écoles sont appelés à servir un jour notre pays comme soldats ; c'est une œuvre patriotique que nous poursuivons, et nous rendons un vrai service à nos élèves eux-mêmes en cherchant à leur donner des habitudes viriles, à les familiariser, dès l'enfance, avec le rôle qu'ils auront plus tard à remplir, à les initier aux devoirs qui les attendent au régiment. Si, dans toutes les écoles, l'instruction militaire était donnée comme nous le désirons et comme nous le demandons instamment, les jeunes gens, en arrivant sous les drapeaux, n'auraient plus qu'à compléter leur éducation militaire, et ainsi se trouverait résolu le problème de la réduction de la durée du service.

Dans les écoles rurales, c'est à l'instituteur que l'instruction militaire, comme l'enseignement de la gymnastique, doit être confiée. Ce que nous lui demandons est en réalité fort simple. En effet, les exercices militaires prescrits pour les écoles primaires ne comportent pas l'emploi du fusil, excepte pour le tir. Nous ne pouvions pas songer à fournir aux écoles, sur les fonds de l'Etat, des armes en quantité suffisante, ni à imposer aux communes l'obligation d'en acquérir ; la dépense eût été trop élevée, et nous nous serions exposés à aller à l'encontre des intentions qui s'étaient manifestées dans les deux Chambres, lors de la discussion de la loi sur l'obligation de la gymnastique. Les mouvements dont il s'agit n'ont rien de compliqué, ils sont tout à fait élémentaires, et, avec le goût qu'ont les enfants pour ces sortes d'exercices, un maître peut et doit les faire exécuter facilement ; le succès n'est pas douteux.



La loi de finances du 29 juillet 1881 met à la disposition de l’administration une somme d’un million pour l’instruction militaire qui est essentiellement consacrée à la fabrication de 526 000 fusils scolaires. Une circulaire aux préfets entoure leur distribution de ces recommandations : Les fusils scolaires pour la fabrication desquels un crédit d’un million de francs a été ouvert au ministère de la Guerre, sont exclusivement destinés à l’enseignement du tir. Le texte de la circulaire insiste sur le fait que ces fusils sont adaptés à la force et à la taille des élèves, qu’ils ne sont pas susceptibles de recevoir de cartouches, mais que leur mécanisme a été conçu comme se rapprochant autant que possible du modèle en usage dans l’armée.

Pour compléter cette formation sont créés en 1882 les bataillons scolaires (voir page bataillons scolaires).

- Manuel de Gymnastique
et des Exercices Militaires (Deuxième Partie),

 Ministère de l'Instruction Publique,  Librairie Delalain Frères, 1882.

  

- Tableau de leçons de chose et de langage, N°1 -- L'école -- Librairie Armand Colin.

Manuel d'instruction militaire à l'usage des établissements scolaires.

Publié sous les auspices des ministères de l'instruction publique et de la guerre par la Librairie Hachette et Cie. Paris. Imprimé par l'Imprimerie nationale en 1884.


La progression de l'enseignement des exercices militaires est répartie suivant trois tranches d'âge :

- Cours élémentaire de 7 à 9 ans,

- Cours moyen de 9 à 11 ans,

- Cours supérieur de 11 à 13 ans.

Chaque tranche correspond à un niveau d'unité militaire. Au cours élémentaire les élèves sont à l'école du soldat, au cours moyens à l'école de compagnie et au cours supérieur à l'école de bataillon.

Ainsi le cours élémentaire fait des exercices de marche, d'alignements, de formation des pelotons, etc. et se préparera à l'exercice militaire.

Le cours moyen reprend l'école du soldat sans armes et les alignements, acquiert les principes des différents pas et apprendra les marches, contremarches et haltes ainsi que les changements de direction.

Le cours supérieur aborde le mécanisme des mouvements en ordre dispersé, les marches militaires et topographiques, les exercices préparatoires de tir. On étudie les premières notions relatives au tir et le mécanisme du fusil, démontage, remontage et entretien.

  

Manuel d'exercices gymnastiques et de jeux scolaires, Armand Colin, 1895.

Il comporte deux parties : la première traite de la gymnastique proprement dite et de ses applications pratiques ; la seconde s'occupe des jeux libres.

- CPA, Vaujours, Ecole Fénelon, leçon de gymnastique.

- CPA, Ecole Saint-Nicolas d'Issy (Seine), Gymnastique, les massues.

- CPA, Gacé (Orne), Ecole Ttégaro, exercices avec barres.

Précis de gymnastique rationnelle de développement de plain pied et à mains libres, gymnastique scolaire éducative, gymnastique d'entraînement militaire, gymnastique hygiènique de chambre, par le Dr Philippe Tissié, 1905, Paris Ch. Gaulon et fils.

Philippe TISSIE (1852-1935)


Pour une gymnastique rationnelle (méthode suédoise) et les jeux scolaires.

Tissié est le père d’une « gymnastique construite »sur un modèle mécanique et anatomique.

Médecin il s'inscrit dans le mouvement de réaction contre l'organisation de la gymnastique militaire à l'école (campagne des hygiénistes 1887-1888).

Il créé en 1888 la Ligue Girondine d'Education Physique, celle-ci se fixe comme objectif de développer la force et l'adresse des enfants et des adolescents par des récréations actives, des jeux de plein air et des exercices sportifs. En 1890 ont lieu à Bordeaux les premiers lendits : rassemblements festifs des écoliers en plein air pour des vastes représentations de mouvements d'ensemble et de jeux. Tissié souligne la valeur éducative des jeux (avec le manuel d’exercices gymnastiques et de jeux scolaires de 1891, ces derniers font leur apparition dans un programme scolaire). Il fera également appel à la psychologie et à la sociologie naissante pour introduire les jeux sportifs dans sa conception de l' Education Physique.

- Cours complet d'éducation physique

à l'usage de la jeunesse des écoles,

- Hygiène et physiologie

- Gymnastique Suédoise

- Jeux et sports

par Raoul Fabens et L.G. Kumlien,

librairie Armand Colin, 1921.

Georges DEMENY (1850-1917)


Pour une méthode scientifique et éclectique

Universitaire et gymnaste, Demeny est le père d’une « gymnastique fonctionnelle » bâtie sur un modèle énergétique et physiologique.

En 1887 il est rapporteur de la Commission de réforme de la gymnastique au ministère de l'instruction publique. A ce titre il est le premier représentant universitaire à donner une orientation pédagogique et hygiénique à l'éducation physique.

En 1891 il participe à la rédaction du Manuel de Gymnastique et de Jeux Scolaires qui remplace celui de 1881, il y distingue une gym de développement et une gym d'application (fonctions physiologiques). Il prône une gymnastique du mouvement se démarquant du statisme de la méthode suédoise.

C'est une méthode éclectique dont les finalités se résument en 4 termes: Santé, Beauté, Adresse, Virilité. Cette méthode est une synthèse des différentes activités physiques proposées à l'époque : sport anglais (surtout l'athlétisme), gymnastique suédoise, gymnastique avec appareil.

Il participe également à la commission de 1904 pour l’unification des méthodes dans les écoles, les gymnases et le régiment, qui établit un nouveau manuel d’exercices physiques et de jeux scolaires.

Napoléon Laisné (1811-1896)


Élève et disciple du Colonel Francisco Amoros, dès 1847, il est le premier à enseigner la gymnastique, au sein de l’hôpital des Enfants malades à Paris. Il est nommé professeur de gymnastique de l’École normale primaire d’instituteurs de la Seine le 1er octobre 1876. Il fait parti de la Commission centrale de gymnastique et des exercices militaires qui a rédigé le Manuel de gymnastique à l'usage des écoles primaires et secondaires de filles et des écoles normales primaires d'institutrices


Sa méthode se différencie de celle d'Amoros et de Clias, selon les élèves auxquels elle s'adresse. Pour les scolaires, la gymnastique définie comme un devoir, fait appel à la volonté sans exclure complètement "la forme de l'amusement et du plaisir". Cette gymnastique utilise surtout des exercices "sans machine ni instruments".