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6. L'orthographe - L'ortografe

Qu'est-ce que l'orthographe ?

"C'est l'art et la manière d'écrire les mots d'une langue correctement, selon l'usage établi."

  

Historique


L’orthographe française ne s’est pas toujours présentée sous la forme qu’elle a aujourd’hui. Si on lit les textes des auteurs des XVIe et XVIIe siècles dans leurs éditions originales, on s’aperçoit de différences considérables par rapport à l’orthographe actuelle.

Ainsi, pour citer deux exemples, on trouve chez Rabelais (1535) ce passage :
« Cy n’entrez pas, hypocrites, bigotz, Uieulx matagotz, marmiteux, borsouflez, Torcoulx, badaux, plus que n’estoient les Gotz, Ny Ostrogotz, persecurseurs de magotz… »

ou bien chez Descartes (1637) le texte suivant :
« Pour moy ie n’ay iamais presumé que mon esprit fust en rien plus parfait que ceux du commun : mesme i’ai souuent souhaité d’auoir la pensee aussi prompte, ou l’imagination aussy nette et distincte, ou la memoire aussy ample, ou aussy presente, que quelques autres. »

Un des arguments des opposants aux réformes d’orthographe est nourri par la crainte qu’on ne pourrait plus lire les classiques si l’on changeait l’orthographe ; cet argument est sans fondement, car c’est à l’inverse grâce aux adaptations en orthographe actuelle qu’on peut les lire encore aujourd’hui. (Ambroise Firmin Didot)


Au IXe siècle, lors du concile de Tours de 813, l'Église catholique ordonne aux prêtres de faire leurs prônes de manière à ce que le peuple puisse les comprendre. Les évêques rassemblés par Charlemagne décidèrent que les homélies ne devaient plus être prononcées en latin, mais en rusticam Romanam linguam aut Theodiscam, quo facilius cuncti possint intellegere quae dicuntur, autrement dit en langue rustique romane ou en langue tudesque (germanique), selon le cas.

Il faut attendre les Serments de Strasbourg pour que le premier texte complet écrit dans une langue issue du latin et clairement distincte de cette langue soit attesté. Cette langue est le roman, et c'est, de fait, la plus ancienne langue romane attestée.


Lorsqu'on a fait aux langues vulgaires d'origine latine l'honneur de les écrire, réservé jusque là au latin, on s'est naturellement servi de l'alphabet latin. Mais le grand obstacle à la création logique et appropriée à notre langue est l'insuffisance de l'alphabet latin, impuissant à exprimer les sons qui se sont produit à l'époque post-latine.

On imagine divers expédients pour remédier à cette pauvreté. Vers 1533 l'imprimeur Geoffroy Tory introduit l'usage de la cédille pour marquer le son sifflant du c. Il emploie également l'accent aigu.


Le 10 août 1539, l'Ordonnance de Villers-Cotterêts prise par François Ier, impose l'usage du français dans les actes officiels et de justice.

Le désordre dans l'écriture du français est alors à son comble, chacun, loin de la rapprocher de sa simplicité antérieure, croit faire montre de savoir en la compliquant par la multiplicité des consonnes. (Ambroise Firmin Didot)


En 1558, premières distinctions i/j et u/v dans l'édition des Œuvres de Clément Marot (poète à la cour de François 1er) par Jean 1er de Tournes à Lyon. Dans un poème A ses disciples  apparaissent les règles de l'accord du participe passé.


En 1562, Pierre de La Ramée dit Ramus réussit à faire passer dans l'usage la distinction de l' i et du j , de l'u et du v. (les lettres j et v sont dites ramistes) ; phonétisme généralisé .


En 1620, Jean Godard : La Langue françoise (suppression des s muets remplacés par des accent circonflexes, défense du t euphonique, suppression de lettres étymologiques, distinction en/an)


Dès 1660, trente-quatre ans avant l'apparition du Dictionnaire de l'Académie, la Grammaire de Port-Royal pose les bases de l'accord de l'écriture et de la prononciation ; elle veut:

1° Que toute figure marquât quelque son, c'est-à-dire qu'on n'écrivit rien qu'on ne prononçât ;

2° Que tout son fût marqué par une figure, c'est-à-dire qu'on ne prononçât rien qui ne fût écrit;

3° Que chaque figure ne marquât qu'un son, ou simple ou double ;

4° Qu'un même son ne fût point marqué par des figures différentes.


Traditionnellement, la manière d'écrire le français a, à cette époque, malgré son manque d'uniformité, une tendance phonétique. Malheureusement une tendance toute contraire, consiste à introduire dans la notation des sons certaines lettres que l'on ne doit pas prononcer, mais qui rappelle l'origine de ces mots ; on écrit, aultre, advocat, droict, faict, poids, sçavoir, soubs, subject, etc, afin de rendre sensible aux yeux l'étymologie vraie ou supposée de ces mots.

  

Le dictionnaire de l'Académie française


Pour fixer la langue et lui donner des règles certaines, Richelieu fonde en 1635, l'Académie Française.

Ce n'est qu'en 1673 que l’Académie française demande à François Eudes de Mézeray d’établir des règles pour l’orthographe française.

Les commentaires des membres de l’Académie ainsi que de Bossuet forment la première prise de position conservatrice de l’Académie : « …la Compagnie préfère l’ancienne orthographe, qui distingue les gens de Lettres d’avec les Ignorants et est d’avis de l’observer partout, hormis dans les mots où un long et constant usage en a introduite une différente. »


La première édition du Dictionnaire de l'Académie paraît en1694.

L'Académie rapproche l'orthographe française de la forme du latin littéraire (l'écriture dite étymologique), et cela, malgré l'opposition du vieil esprit français, dont, cent ans plus tôt, Ronsard et d'autres membres de sa pléiade s'étaient montrés les représentants. Elle croit, en s'appuyant sur une langue désormais fixée, donner plus de stabilité à notre orthographe.


L'Académie, reconnaissant que l'utilité pratique est préférable, renonce en 1718, dans sa seconde édition, dont la rédaction principale est attribuée à Thomas Corneille, au classement étymologique groupés autour de la racine pour l'ordre alphabétique, moins rationnel sans doute, mais plus pratique.

 La forme en fut si différente, que l'Académie donna plutôt un Dictionnaire nouveau qu'une nouvelle édition de l'ancien. L'ordre étymologique, qui dans la spéculation avoit paru le plus convenable, s'étant trouvé très-incommode, dut être remplacé par l'ordre alphabétique, en sorte qu'il n'y eût plus aucun mot que, dans cette seconde édition on ne pût trouver d'abord et sans peine. (préface)

Elle s'enrichit d'un grand nombre de termes d'art et de sciences dont l'usage a pénétré dans la société.


Dans la troisième édition de 1740 du Dictionnaire dirigée par l'abbé d'Olivet de nombreuses et importantes simplifications orthographiques sont introduites.

L'académie supprime des milliers de lettres devenues parasites, sans craindre d'effacer ainsi leur origine étymologique : les s, les d disparurent dans la plupart des mots dérivés du latin. Elle n'écrit plus accroistre, advocat, albastre, apostre, aspre, tousjours, non plus que bast, bastard, bestise, chrestien, chasteau, connoistre, giste, isle. Les y non étymologiques sont remplacés par des i ; elle n'écrit plus cecy, celuy-cy, toy, moy, gayeté, joye, derniers vestiges de l'écriture et des impressions des XVe et XVIe siècles, mais ceci, celui-ci, toi, moi, gai, gaieté, joie, etc. L'y et 1's du radical grec et latin furent même supprimés ; ainsi abysme (img grec, abyssus) est écrit abyme et plus tard abîme ; eschole, escholier, écrits dans la première édition escole, escolier devient dans celle-ci école, écolie ; de même que subject devient successivement subjet, puis dans sa forme définitive sujet, et  Françoys, François puis Français. Elle supprime aussi le c d'origine latine dans bienfaicteur et bienfaictrice et le ç dans sçavoir, sçavant, l'e dans le mot insceu, impreveu, indeu, salisseure, souilleure, alleure, beuveur, creu, deu, et grand nombre d'autres ; vuide, nopce, nud, sont abrégés ; le c et l'e disparurent dans picqueure (piqûre) ; enfin l'Académie remplace un grand nombre de th et de ph par t et par f, et, contrairement à la première et à la seconde édition, elle retranche le t final au pluriel des substantifs se terminant par t au singulier ; elle écrit donc les parens, les élémens, les enfans, etc., au lieu de les parents, les éléments, les enfants, etc.

L'abbé d'Olivet, à qui l'Académie confia ce travail, l'exécuta conformément à ce qu'elle déclare dans la préface : «qu'on travailleroit à ôter toutes les superfluités qui pourroient être retranchées sans conséquence», et il remarque «qu'en cela, le public étoit allé plus vite et plus loin qu'elle.»


La 4e édition qui parait en 1762, se distingue particulièrement par l'addition d'un grand nombre de termes élémentaires consacrés aux sciences et aux arts ; par la séparation de l'I voyelle de la consonne J et celle de la voyelle U de la consonne V, d'après l'exemple qu'en avait donné la Hollande ; par la simplification de l'orthographe d'un grand nombre de mots au moyen de la suppression de lettres inutiles, et par diverses rectifications.


Profitant un peu tard des réflexions de Messieurs de Port-Royal (Arnauld et Lancelot), qui, dans leur Grammaire, avaient condamné avec raison la vicieuse épellation :

bé, cé, dé, é, effe, gé, ache, ji, elle, emme, enne, erre, esse, vé, ixe, zedde,

l'Académie, après avoir suivi dans cette quatrième édition cet ancien mode d'épellation pour les premières lettres, se ravisant ensuite, l'indique ainsi :

fe, ge, he, je, le, me, ne, re, se, ve, xe, ze.


La 5e édition de 1798 continue les simplifications en ajoutant un glossaire de termes  révolutionnaires. Publiée en dehors du concours de l'Académie, l'édition citée quelquefois

comme la cinquième n'a point été cependant reconnue officiellement.


En 1835, dans la sixième édition du Dictionnaire, l’Académie se trouve investie d’une responsabilité « qu’elle n’avait jamais eue […] : les imprimeurs, en particulier, firent de l’orthographe du Dictionnaire de 1835 […] l’étalon suprême du français écrit, erreur dont encore à l’heure actuelle, nous payons doublement les frais, par le mauvais choix de l’étalon, et par le principe même d’un étalon en la matière. » (Nina Catach, 2001)
Les lettres dites grecques qui avaient été réduites au XVIIIe siècle, sont réintroduites dans cette sixième édition.

C'est dans cette sixième édition qu'est enfin admise par l'Académie, la substitution de l'a à l'o dans tous les mots où l'o se prononce a. L'Académie suit en cela l'exemple donné par Voltaire. Cette modification, qui s'étend sur un grand nombre de mots, est accueillie du public avec reconnaissance, malgré l'opposition opiniâtre de Chateaubriand, de Nodier et de quelques académiciens.

L'uniformité de la prononciation depuis un siècle permet de régulariser en grande partie l'emploi des accents et de supprimer beaucoup de lettres effacées dans la prononciation ; l'écriture des dérivés devient plus conforme à celle de leurs simples ; enfin l'Académie, en réunissant, par l'introduction des tirets ou traits d'union, les mots ou locutions adverbiales, tente de remédier à l'inconvénient de laisser séparés des mots qui, lorsqu'ils sont isolés, offrent un sens tout autre que celui qu'ils acquièrent par leur union.

L'Académie, se déjugeant elle-même, ne sanctionne plus la suppression du t final au pluriel des mots dont le singulier se termine en ant et en ent, et, après une discussion approfondie, elle croit devoir rétablir au pluriel le t à tous les mots d'où elle l'avait fait disparaître dans les deux précédentes éditions.

 

1877-1878, 7e édition du Dictionnaire de l'Académie (introduction de quelques tolérances)

  

Les tentatives de réforme de l’orthographe


Ce qu'on reproche à l'orthographe, c'est, à cause de ses bizarreries et de ses complications, de gaspiller une bonne partie du temps déjà si restreint que l'enfant passe à l'école primaire en l'employant à étudier une foule d'anomalies, de contradictions, de subtilités dont nos grands écrivains eux-mêmes ne se sont guère embarrassés, ainsi qu'en témoignent leurs manuscrits. Ce temps serait bien mieux employé, ajoute-t-on, à la lecture expliquée ou à d'autres exercices vraiment éducatifs. Un autre reproche souvent formulé consiste dans la difficulté que les étrangers éprouvent à apprendre notre langue. Ainsi l'orthographe nuirait à l'expansion de la langue française, partant à la propagation de l'influence française dans le monde.


1827-29, C.L. Marle fonde la « Société pour la propagation de la réforme orthographique »


En 1837, E. Littré propose des régularisations et simplifications.


En 1867, Ambroise Firmin Didot publie ses Observations sur l’orthographe ou ortografie française suivies d’une histoire de la réforme orthographique depuis le XVe siècle jusqu’à nos jours.

Dans cet ouvrage, il s’engage pour la perfection de la langue française :

1° De régulariser l'orthographe étymologique de la lettre χ  Ch ; et de substituer aux θ, th, et φ, ph, nos lettres françaises dans les mots les plus usuels ; d'ôter l'h à quelques mots où il est resté pour figurer l'esprit rude ;

2° De supprimer, conformément à ses précédents, quelques lettres doubles qui ne se prononcent pas ;

3° De simplifier l'orthographe des noms composés, en les réunissant le plus possible en un seul mot ;

4° De régulariser la désinence orthographique des mots terminés en ant et ent ;

5° De distinguer, par une légère modification (la cédille placée sous le t), des mots terminés en tie et tion, qui se prononcent tantôt avec le son du t et tantôt avec le son de l's ;

6° De remplacer, dans certains mots, l'y par l'i ;

7° De donner une application spéciale aux deux formes g et g au cas où le j, dont le son est celui du g doux, ne serait pas préférable ;

8° De substituer 1's à l'x, comme marque du pluriel à certains mots, comme elle l'a fait pour lois, au lieu de loix (lex, la loi, leges, les lois).


En 1886, sur l’initiative des membres de la Phonetic Teachers’ Association et de Paul Passy, la Société de réforme orthographique est formée. Son but est la « simplificacion de l’ortografe Fransaize » et dans ses publications elle adopte une orthographe d’usage réformée.


La Société soumet en 1889, une pétition à l’Académie française, qui porte 7000 signatures. Elle demande une « simplification de l’orthographe » et énumère les différents thèmes à réformer : suppression d’accents muets (où, là, gîte, qu’il fût) et d’autres signes muets (rythme, fils, faon), le dédoublement et la substitution d’une lettre à deux (honneur, photo), la question de l’uniformité (dixième, dizaine, genoux, fous). Son but est une orthographe phonétique ; il le formule ainsi dans le Journal des Débats du 20 avril 1889 : « Le phonétisme pour but idéal, la modération pour règle immédiate. » L’Académie française ne réagit pas à cette pétition.


Michel Bréal, inspecteur général de l’instruction publique de France, souligne l’importance de la langue parlée et de la phonétique pour l’enseignement moderne des langues étrangères. Il soutient des réformes modérées : en première ligne il voudrait éliminer les lettres grecques de l’orthographe française.


La première tentative de réforme date de 1891. Ferdinand Buisson, directeur de l'enseignement primaire, charge M. Clédat, doyen de la Faculté des lettres de Lyon, de préparer un projet d'arrêté autorisant un certain nombre de simplifications.

Léon Clédat, veut simplifier les règles de l’accord du participe passé. Il pense que les grammairiens et les philologues devraient initier les réformes et que les manuels de grammaire utilisés dans les écoles devraient entériner ces changements ; selon lui, l’Académie serait seulement chargée du choix entre deux graphies ainsi que de la rédaction du Dictionnaire. Le programme de réforme de Léon Clédat, dans l’orthographe propre à lui, comporte les points suivants :
I. Remplacer partout par une s l’x final muet ou prononcé comme s.
II. Ecrire toujours par un z les adjectifs et substantifs numéraus en « zième, zaine »
III. A l’indicatif présent des verbes en –re, -oir, et –ir, terminer uniformément par une s pure et simple les première et deuzième personnes et par un t la troizième personne du singulier.
IV. Ne jamais redoubler l’l ni le t dans les verbes en –eler et en –eter.
V. Ne jamais faire l’accord du participe passé dans les trois cas suivants :
- 1. Quand le complément direct est le pronom en ;
- 2. Quand le participe est suivi d’un infinitif sans préposition ;
- 3. Pour le participe de coûter et de valoir.


Par suite de l'opposition du Conseil supérieur, la réforme n'est pas imposée, mais une circulaire de Léon Bourgeois, ministre de l'instruction publique, invite les correcteurs à se montrer moins sévères que par le passé pour les fautes qui peuvent être fondées sur une raison logique ou étymologique.

Les enseignant(e)s en sont informé(e)s par circulaire du 27 avril 1898, de façon plutôt vague, des graphies qui sont soumises aux tolérances.


L’Académicien Octave Gréard rédige en 1893,une note sur la simplification de l’orthographe, mais reste lettre morte.


Les Sociétés de réforme orthographique de France, d’Algérie et de Belgique lancent une pétition adressée au Ministre français de l’instruction publique, Emile Combes.

Le 20 avril 1896, Emile Combes charge une commission de 9 personnes d’examiner les simplifications de l’orthographe française qui pourraient être admises dans l’enseignement et dont l’usage serait autorisé dans les examens à tous les degrés. Dix jours après la formation de cette commission, la charge de Ministre de l’instruction publique passe à A. Rambaud qui ne convoque jamais la commission.


En présence du peu de succès de leurs tentatives, les réformistes usent d'une autre tactique.

Deux membres du Conseil Supérieur de l’Instruction publique, Henri Bernès, agrégé des lettres et Paul Clairin, agrégé de grammaire, demandent de former une commission composée de deux membres de chaque degré scolaire – enseignement primaire, secondaire et supérieur – pour préparer la simplification de la syntaxe française dans les écoles primaires et secondaires.  

Cette commission dépose son rapport, dont les conclusions sont rendues exécutoires par un arrêté du 31 juillet 1900 de Georges Leygues, qui indique qu'il ne sera pas compté de fautes aux candidats pour avoir usé des tolérances indiquées dans la liste annexée au présent arrêté.

L'Académie proteste, estimant qu'on empiète sur son domaine ;  « modifier la règle de l’accord des participes, c’est porter l’atteinte la plus grave à la littérature française toute entière ; c’est reléguer d’un seul coup dans l’archaïsme tous les poètes qui ont écrit jusqu’à ce jour. »

Un nouvel arrêté ministériel, en date du 26 février 1901, réformant celui du 31 juillet 1900, fait droit aux demandes de l'Académie et l'article 2 du premier arrêté est supprimé : il défendait d'enseigner des règles contraires aux tolérances édictées.


En 1903, le Petit Larousse publie sous le titre « L’orthographe dans les examens » un article en additif qui comporte les extraits suivants :
« L’arrêté ministériel du 26 février 1901 ne réforme pas, ni modifie pas (sic) l’orthographe, comme on a eu et comme on a le tort de le dire. Il n’a d’autre objet que de simplifier l’enseignement de la syntaxe en admettant des tolérances dans les examens ou concours. […] Ainsi donc les règles restent telles qu’elles étaient […] il est par conséquent indispensable qu’elles continuent de figurer dans les grammaires, et il y a utilité à les connaître, car quiconque ne les appliquera pas fera des fautes. La portée essentielle de la décision ministérielle du 26 février, c’est l’obligation où seront les examinateurs de tolérer ces fautes, de ne pas en tenir compte aux candidats. »


Le 11 février 1903, le Ministre de l’instruction publique convoque la commission sous la présidence de Paul Meyer, un des signataires de la pétition à l’Académie de 1889. Octave Gréard est le seul académicien qui participe au travail de cette commission qui veut abolir les « consonnes parasites » et préparer la simplification de l’orthographe française.

La commission établit son rapport et le Ministre le présente en juillet 1904 à l’Académie. Celle-ci discute le rapport et s’y oppose avec, entre autres, le commentaire suivant :
« L’Académie se confesse très attachée à l’orthographe étymologique à laquelle la commission chargée de préparer la simplification de l’orthographe se montre très hostile. »
Pour Paul Meyer la conclusion est claire : « Le grand obstacle à toute réforme, c’est l’Académie française. »

La rédaction de la Revue politique et littéraire (Revue Bleue) s’adresse au Ministre de l’instruction publique avec une pétition contre la réforme. Les signataires se basent à nouveau sur la tradition et sur la beauté de la langue. Selon un des signataires de la pétition, les philologues ne seraient pas compétents en orthographe parce qu’ils n’auraient pas de « vive sensualité artistique ». Pour lui, la beauté de la langue est le critère le plus important et il voit comme modèle le travail de Vaugelas au XVIIe siècle.

Ferdinand Brunot rédige une Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de l’Instruction publique sur la réforme de l’orthographe. Il s’exprime d’abord sur la question de la compétence : consulter l’Académie, ce serait « un acte de déférence courtoise », mais la décision concernant une réforme serait l’affaire du Ministre ; vu que l’instruction serait concernée en première ligne, le Ministre et le Conseil supérieur devraient décider des matières à enseigner.
Il propose de former une commission composée de linguistes et phonéticiens et s’exprime en faveur d’une orthographe phonétique. La même année est convoquée une commission qui, sur la base des propositions de la commission Meyer et des objections de l’Académie, devrait formuler de nouvelles propositions.

 

Brunot soumet en 1906, le rapport de la commission au Ministre Aristide Briand. Brunot voit de la manière suivante la mise en pratique des propositions :
« Et la Commission a décidé, à l’unanimité et dès la première séance, que l’orthographe réformée sera, si le Ministre en décide ainsi, seule enseignée. Le système de tolérance, mis en vigueur en 1900, a été tout à fait inefficace. Ni à l’étranger, ni en France, on n’a su si on devait s’y fier, et si un nouvel arrêté ne viendrait pas supprimer les libertés données. Le résultat a donc été très médiocre. »
Les imprimeurs et les éditeurs ne se sentent pas écoutés. Ils s’opposent à l’idée que le ministre soit responsable de la réforme et craignent qu’un changement de ministre provoque une nouvelle proposition de modifier l’orthographe. Ils s’expriment contre "une réforme imposée".

Le Ministre de l’instruction publique ne fait plus rien pour changer l’orthographe.


La Fédération internationale des instituteurs demande une réforme des orthographes (Prise de position identique à l'Internationale des Travailleurs dès 1867). Tous les pays d'Europe s'engagent dans des réformes, sauf la France.

En 1907, Marcelin Berthelot, Inspecteur général de l’enseignement supérieur, rédige La réforme de la langue française ; pour lui, la langue est un organisme vivant qui évolue sans que l’Etat puisse la forcer avec des réformes. Il postule que les changements dans l’usage doivent d’abord être tolérés à l’école et que seulement après ils doivent être entérinés par l’Académie ou par une commission. Il trouve que c’est un manque de démocratie de vouloir imposer des changements par l’autorité d’un ministre et une erreur que l’opinion publique ne soit pas prise en considération.

Plusieurs revues paraissent en orthographe réformée, par exemple la Revue de la philologie française, Le Réformiste. Dans la Revue des langues romanes Maurice Grammont s’exprime comme suit :
« la seule manière de formuler une règle ortografique qui soit une simplification est la suivante : Toutes les fois que tel son se présentera on l’écrira par telle lettre ou tel groupe de lettres, et toute autre transcription sera strictement bannie. »
Rémy de Gourmont, dans son livre Le problème du style, considère le travail de la commission Brunot comme raisonnable et il est favorable à une « modification graduelle, très lente, de notre orthographe ». Il pense qu’on doit commencer par la modification d’un seul point et propose la francisation des lettres grecques.


Avec l’éclatement de la première guerre mondiale, toutes les discussions autour d’une réforme de l’orthographe française sont suspendues.

Les tolérances de 1901 ont eu un effet durable et sont restées en vigueur jusqu’en 1976.


  

- Premiers exercices d'orthographe par J. Taiclet, 33 e &dition, Paul Dupont libraire, Hachette et Cie libraires, Delagrave et Cie libraires, Alphonse Picard,libraire, 1877.

L'orthographe à l'école


En 1833, Guizot institue la grammaire et l'orthographe comme épreuves des brevets de capacité. Cette disposition est également appliquée en 1836 pour les institutrices primaires.

Le plan d'études pour les écoles primaires prévoie, dès le cours préparatoire, de petites dictées à la vérité très rudimentaires,



Dans les instructions du 20 juin 1923, l'enseignement de la grammaire et de l'orthographe ne commence désormais qu'au cours élémentaire.

L'enseignement concernant les éléments de la langue française comprend, la grammaire et les dictées pour l'orthographe. Au cours préparatoire, on se borne à attirer l'attention des enfants, pendant la lecture, sur l'orthographe de certains mots.

On leur donne des dictées préparées : on n'obligera pas les enfants à inventer ou à deviner l'orthographe des mots inconnus, on la leur fera connaître d'avance.

Au cours moyen, à côté des dictées préparées on recommande les dictées de contrôle qui permettent de voir si l'enfant a bien appris et bien retenu les principales règles de la grammaire.


En 1938, on fera une large place encore à la dictée de contrôle. Mais, la dictée n'a pas pour but de cultiver le goût littéraire (ce sont les exercices de lecture et de récitation qui répondent à cette préoccupation), et qu'un texte de dictée doit présenter avant tout un intérêt orthographique. Il faut cependant proscrire les textes fabriqués à la seule intention de vérifier la virtuosité orthographique. La dictée étant lue à haute voix, très distinctement, toutes les explications que l'on peut utilement ajouter ne doivent avoir que des préoccupations orthographiques.

pour la simplification de notre orthographe, Paul Meyer, 1905


Les raisons que l'on peut invoquer en faveur d'une réforme partielle de notre orthographe sont de trois ordres :

1° Raison esthétique. Notre orthographe est irrégulière ; elle donne à la langue l'apparence de l'irrégularité. Elle l'enlaidit.

2° Raison conservatrice. Il importe de maintenir la tradition de notre prononciation sur laquelle réagissent les irrégularités de notre orthographe.

3° Raison pratique. Les mêmes irrégularités rendent l'étude de l'orthographe inutilement compliquée.


Exemple :

Un grave défaut de notre orthographe est de n'avoir pas de signe pour noter l mouillée. L'expédient que nous employons est compliqué, puisqu'il n'exige pas moins de trois lettres : ill (conseiller, tailler, travailler). Mais, quand la voyelle suivie d'l mouillée est un i, on se contente de deux l, parce qu'il semblerait bizarre de juxtaposer deux i. Donc, pour ne pas écrire fiille, quiille,veiille, on écrit fille, quille, vrille, au risque d'une confusion possible avec le son non mouillé que nous trouvons dans tranquille, ville, etc. La possibilité d'une confusion n'est pas une supposition en l'air : c'est un fait, car on prononçait autrefois anguille, camomille, sans mouillure, et on commence à prononcer avec mouillure oscille, vacille. Le meilleur moyen d'obvier à ces erreurs serait évidemment de créer, pour l mouillée, un signe spécial, qui a été proposé au XVIe siècle par L. Meigret, mais, la commission s'était interdit toute création de signes nouveaux, il ne reste qu'un procédé à employer : c'est de réservé la double l pour les cas de mouillure, et dans les autres cas de réduire ll à l. On écrira donc tranquile, vile, comme on écrit imbécile (et du même coup on corrigera imbécillité en imbécilité).

1964, Echelle Dubois-Buyse d'orthographe usuelle du français (pédagogie)

C'est une liste d'environ 4000 mots fréquents, étalonnée par niveau de difficulté orthographique (appelés "échelons") du CP au lycée. Il y a 42 échelons.


En 1960, à la suite d'un article paru dans Le Monde rappelant le vœu des experts des pays francophones réunis par l'UNESCO en 1953 et sur recommandation des membres de l'Académie des Sciences, le ministre de l'Éducation nationale mandate une commission ministérielle d'études orthographiques dirigée par Aristide Beslais et chargée de concevoir un projet de réforme de l'orthographe. La commission remet en 1965 son rapport qui affecte 8 843 mots, soit 20 % du lexique.

Le but que se propose la commission Beslais est d'éliminer de l'orthographe les surcharges et les absurdités. En se basant sur des sondages, des listes de fautes, des propositions antérieures, la commission organise, en dehors d'un cadre théorique précis, les mots par famille, selon l'étymologie. Selon les promoteurs de la réforme, les modalités d'application s'étaleraient sur 16 ans, affecteraient tous les paliers d'éducation et les mesures seraient appliquées dans tous les textes officiels.

La Société des gens de lettres rédige une résolution contre la réforme et l’adresse à la presse. Pour elle la réforme est une menace. Après trois ans et demi de travail, il n’y a aucune réaction du Ministre et de l’Académie.


En 1984, Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme, crée la Commission de terminologie Groult pour la féminisation des noms de métiers et de fonctions (à l'exemple du Québec)


En 1985, le groupe AIROE (Association pour l'Information et la Recherche sur les Orthographes et les systèmes d'Ecriture créée par Nina Catach) envoie un tract sous le titre : Simplifions ! à des écrivains, enseignants et publicistes.

Le groupe, NEOS, publie un bulletin concernant les thèmes « uzaje é perfeksoneman de l’ortogafe rasionalizé » ; de même, l’ADEC (Association pour le droit d’utiliser une écriture commode) revendique « Le Droi d’ékrir(e)/éqrir(e) kom/qom on pronons(e) » ; différents professeurs et enseignant(e)s se réunissent dans l’ICEM (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne) qui publie L’Educateur, et qui forme une Commission nationale réforme de l’orthographe qui s’engage pour une « ortografe populère ». Toutes ces initiatives n’atteignent pas le grand public et restent donc sans effet pratique.
Le SNI-PEGC (Syndicat national des instituteurs et professeurs d’enseignement général des Collèges) lance un questionnaire dont les résultats sont publiés dans L’école libératrice en 1988. Des 1150 réponses obtenues, 90% sont favorables à une réforme : 85% s’expriment en faveur de la dégémination, 86% pour une réforme des accents, 70% veulent supprimer les lettres grecques.


Devant cette volte-face de l'Académie qui entérine les rectifications décidées en 1975, le C.I.L.F., par la voix de son directeur Joseph Hanse, renonce en 1988 à prêter son concours à tout projet de réforme et se concentre sur le projet lancé en 1980, le projet d'harmonisation des graphies entre une dizaine de dictionnaires contemporains, visant à supprimer les variantes apparaissant d'un dictionnaire à l'autre et à choisir une forme privilégiée pour chaque mot.

Le premier ministre français, Michel Rocard, se déclare dans Lire favorable à une réforme, de même que le ministre de la Francophonie, Alain Decaux.

Le Monde publie le 7 février 1989, le Manifeste des Dix, un appel pour « Moderniser l’écriture du français ». Les Dix sont dix linguistes, membres de AIROE ou liés à ce groupe.
Le magazine Lire lance une enquête sous le titre « Faut-il réformer l’orthographe ? ». Des 900 réponses obtenues, 70% des interrogés considèrent l’orthographe française comme difficile, 86% adhèrent à l’opinion qu’elle est un art, 78% voient dans l’orthographe « un des charmes de la langue française ».

Quant à la question de la compétence, une majorité de 36% considère que c’est l’Académie qui doit promouvoir une réforme, 27% trouvent que c’est le Ministère de l’Education nationale, 11% pensent que ce sont les écrivains, 9% le Petit Larousse et le Petit Robert et 5% le Ministère de la Culture.


Une démarche est entamée par le Premier Ministre Michel Rocard : il charge le Conseil supérieur de la langue française de rédiger des propositions de réforme concernant les thèmes suivants : le trait d’union, le pluriel des mots composés, le circonflexe, le participe passé des verbes pronominaux, diverses anomalies

Les propositions sont discutées avec la commission du Dictionnaire de l’Académie. En mai 1990, le projet est soumis à l’Académie française qui l’approuve à l’unanimité. C’est donc la première fois qu’une réforme de l’orthographe élaborée à l’extérieur de l’Académie française est acceptée de celle-ci.
Pour mettre en pratique ces rectifications, le Conseil envisage le procédé suivant :
« Pour être efficace, une politique de la langue doit rechercher la plus large participation des acteurs de la vie sociale, économique, culturelle, administrative. Comme l’a déclaré le Premier Ministre, il n’est pas question ici de légiférer. Les édits linguistiques sont impuissants s’ils ne sont pas soutenus par une ferme volonté des institutions compétentes et s’ils ne trouvent pas dans le public un vaste écho favorable. C’est pourquoi nous souhaitons d’une part que les présentes propositions soient enseignées aux enfants – la nouvelle orthographe étant la règle, l’ancienne (l’actuelle) étant tolérée. C’est pourquoi nous souhaitons d’autre part qu’elles soient recommandées aux adultes, et en particulier à tous ceux qui pratiquent avec autorité et rayonnement, consignent, codifient et commentent la langue écrite. […] Les présentes propositions trouveront à s’appliquer au premier chef dans trois domaines précis : la création de mots nouveaux, en particulier dans les domaines scientifiques et techniques, la confection de dictionnaires, et l’enseignement. »

En décembre, les rectifications sont publiées dans les Documents administratifs du Journal Officiel. Une marée d’articles paraissent qui tend du côté des voix réfractaires aux rectifications, en première ligne le Figaro. Un des opposants les plus fervents est François Bayrou ; pour lui « cette réforme de l’orthographe est un problème de protection des citoyens devant la toute-puissance des pouvoirs » ; il crée ainsi une association qui a pour vocation de résister à l’arbitraire et de défendre la liberté de la langue.

Le 10 janvier 1991, le directeur des séances de l’Académie informe les journalistes que « L’Académie n’a pas terminé ses discussions ». « Selon une procédure qu’elle a souvent mise en œuvre, elle souhaite que ces simplifications et unifications soient soumises à l’épreuve du temps, et elle se propose de juger, après une période d’observation, des graphies et emplois que l’usage aura retenus. »
Après cette prise de position – qu’on pourra désormais considérer comme habituelle de la part de l’Académie – Larousse, Hachette et Le Robert décident de ne pas entériner les rectifications dans leurs publications, mais de les faire paraître « à titre d’information et de curiosité » en appendice.
La situation ressemble donc fortement à celle de 1975 où les rectifications ne sont jamais passées dans l’usage du grand public.


En France, depuis la parution du Bulletin officiel de l'Éducation nationale hors série no 3 du 19 juin 2008 (à la faveur d'une note page 37), « l’orthographe révisée est la référence » et est désormais incluse dans les programmes scolaires.

  


Un groupe de réflexion sur l'enseignement de l'orthographe dans les écoles et dans les collèges est formé en juin 1976.

Il a pour mission d'étudier la pédagogie de l'orthographe aux divers niveaux de la scolarité obligatoire et de présenter des propositions qui soient à même d'en accroître l'efficacité.

Ce groupe de travail a élaboré un document de synthèse.

Sur le plan scientifique, on reconnaît notamment ce qui est dû à des chercheurs comme M. Ters, qui a constitué des tables de fréquence et des échelles d'acquisition du vocabulaire aux différents âges, ou comme M. Thimmonier, qui a mis en lumière les éléments de cohérence que comporte notre système phonético-graphique.

Sur le plan pédagogique, on voit que l'enseignement de l'orthographe est constamment accordé à l'exercice et à la connaissance de notre langue…

Il importe à l'institution scolaire d'assurer une pratique adéquate de l'orthographe à tous ceux qu'elle contribue à former.

D'abord, parce que l'orthographe est une condition de la bonne compréhension de toute communication écrite.

Ensuite, parce que son enseignement s'attache à développer, en même temps que la possession de connaissances solides, les facultés d'observation, l'esprit de vigilance, le sens de la précision et de la rigueur, la volonté de discernement, en somme l'exact fonctionnement d'une organisation mentale qui donne justesse et force à la pensée (René Haby)


En 1977, paraît l'arrêté Haby sur les « tolérances grammaticales ou orthographiques » aux examens et aux concours qui remplace celui de 1901.

L'arrêté ne prétend modifier  ni l'orthographe, ni l'enseignement du français, il prescrit que dans les examens et les concours dépendant du ministère de l'Éducation, il ne sera pas compté de fautes pour une trentaine de cas. On oppose ce que veut le bon usage et la tolérance. De plus, le ministre précise que les règles de grammaire doivent continuer à être enseignées.

L'arrêté de 1977, comme celui de 1901, n'a pas eu de suite. Comment expliquer cet échec? Il est dû sans doute au domaine d'application trop restreint de l'arrêté, les concours. Il ne tient compte ni des recommandations, ni de l'usage. De plus, l'idée d'une libre alternance semble satisfaire peu de monde: fausse dans son application, elle rebute les esprits épris de certitudes par goût ou par métier. Joseph Hanse écrit : « L'enfant et l'adolescent ont besoin [non pas de tolérances], mais de vérité, de mesure, de compréhension, de sagesse et -pourquoi ne pas le dire?- de rigueur. » Il ajoute: « parce qu'elle légitime l'incohérence, je suis nettement hostile aux tolérances grammaticales ». On demande, en effet, au maître de français d'enseigner des règles et de tolérer leur transgression aux examens.

- Orthographe, L. Renaud et C. Batailler, CE, Editions Bourrelier, 1961..

- Orthographe fonctionnelle, E. Satre, J. Filbert, R. Monnier et E. Richard, CM1, Editions Fernand Nathan, 1975.

  

L'orthographe fonctionnelle


On dit d'une chose qu'elle est fonctionnelle lorsqu'elle est rationnellement adaptée à la fonction qu'elle doit remplir. Or la fonction principale de l'orthographe est sociale, Un adulte maitrise l'orthographe de sa langue s'il est capable de donner une forme correcte aux productions écrites qu'exigent de lui sa vie familiale, sa vie sociale, sa vie professionnelle.

Il existe un vocabulaire de base dont une fraction importante constitue un noyau commun à l'ensemble de la population. On estime généralement qu'un adulte moyen n'utilise guère, à l'écrit, que 1500 à 1800 mots.

Pour les enfants de l'école élémentaire, le vocabulaire fondamental effectivement mis en œuvre est de l'ordre de 1000 à 1200 mots. Ce sont ces mots dont il importe de fixer la graphie, car ce sont eux qui constitueront le matériel de base de toutes leurs productions écrites.

Or l'étude traditionnelle des règles ne répond pas à cette attente.

Deux questions se posent alors : Quels sont ces mots ? Comment les faire apprendre ? La réponse à la première question est connue des spécialistes. Des études ont conduit à la détermination d'échelles de fréquence en fonction d'un âge déterminé. Ce sont ces travaux qui ont servi de base au choix du vocabulaire utilisé.

L'étude des mots est essentiellement fondée sur le principe d'imprégnation. Ces mots insérés dans des textes simples, systématiquement révisés et réemployés tout au long des livres, ont été groupés de manière à mettre en évidence, les analogies et les oppositions de type graphique et de type phonologique.

  

Nouvelles méthodes pédagogiques par René Thimonnier


1969-1970 -- les nouvelles méthodes pédagogiques se basent sur les nouvelles connaissances linguistiques.

René Thimonnier trouve que :
Notre système d’écriture est, quoi qu'on dise, beaucoup moins incohérent qu’il ne paraît. Si l’on part d’une étude objective du système, on constate en revanche que ce n’est pas ce système qu’il convient de réformer, mais la manière dont on l’enseigne.
Le problème majeur de l’orthographe française se poserait au niveau des « homonymies partielles » (ex. : honorer, honneur ; inodore, innombrable), tandis que les « homonymies totales » (martyr, martyre ; cuisseau, cuissot) ne poseraient pas de problèmes. Pour résoudre les problèmes plus saillants, Thimonnier établit son « étude systématique ». Dans ce système, il classe le vocabulaire en « séries analogiques » qui séparent par exemple honneur et honorer en deux séries différentes, selon leurs bases honn- et honor-. Le mérite de Thimonnier est d’avoir mis en avant les éléments morphologiques dans ses théories, éléments qui étaient négligés des phonéticiens.

  

L'orthographe raisonnée, René Thimonnier et Jean Desmeuzes, Classiques Hachette, 1978.

En 1970 paraît l'ouvrage de René Thimonnier, Code orthographique grammatical, arrivant après Le système graphique du français (1967) où il livre au grand public les résultats de ses recherches et il organise la matière de façon à servir l'enseignement de l'orthographe. Il propose, en outre, un « émondage » qui affecterait 228 mots dont 69 d'usage courant (sur 35 000).

Le C.I.L.F. (Conseil international de la langue française fondé en 1967) est chargé, en 1968, par le ministre de l'Éducation de faire un rapport sur le projet Thimonnier. Ce rapport est remis en 1972 au ministre qui, l'année suivante, en saisit l'Académie française.

Le secrétaire de l'Académie, Jean Mistler, annonce qu'il tiendra compte des conclusions de la commission.

En 1975, il fait paraître dans un article les quelques suggestions que son organisme a retenues et qui doivent être consignées dans la 9e édition de son dictionnaire. L'Académie, en effet, consigne ces modifications dans le premier fascicule de son dictionnaire, en 1986. En fait, un très petit nombre de propositions du C.I.L.F. ont été retenues. L'Académie elle-même annulera en 1987, dans son deuxième fascicule, ses décisions de 1975.

- Apprendre l'orthographe, J.& J. Guion, CE2, Sermap-Hatier, 1984.

  

« Cy n’entrez pas, hypocrites, bigotz, Uieulx matagotz, marmiteux, borsouflez, Torcoulx, badaux, plus que n’estoient les Gotz, Ny Ostrogotz, persecurseurs de magotz… »

Rabelais (1535)


« Pour moy ie n’ay iamais presumé que mon esprit fust en rien plus parfait que ceux du commun : mesme i’ai souuent souhaité d’auoir la pensee aussi prompte, ou l’imagination aussy nette et distincte, ou la memoire aussy ample, ou aussy presente, que quelques autres. »

Descartes (1637)

- Cours d'orthographe par E. et Mme Bled., 1953.

Petit manuel d'exercices simples et présentés d'une façon claire, utilisant la méthode des « textes à trous », dont les sujets sont pris dans la vie courante. La première édition est publiée en 1946 par les éditions Hachette. Le succès est immédiat et sera durable, presque 20 millions d'exemplaires vendus et de constantes rééditions.

  

Edouard et Odette Bled


1946 : 1ère édition des Cours d'orthographe (Règles strictes et listes d'exceptions)

- Vadémécum de l'orthographe recommandée, RENOUVO, Editions De Champlain,


- Logo de conformité

« Ce texte est conforme à la nouvelle orthographe »

- découvrons le dictionnaire, cahier n°1, Michel Boulicaut, Larousse, 1983.


- La dictée sans fautes, CE2, E. Bertouiy et V. Garcia, Editions de l'Ecole.1982.

- L'orthographe méthodique, P. Dnève, CE2, Ternand Nathan, 1963.


- Précis méthodique d'orthographe et de citations, Paul Hatet, Delagrave, 1972

- Livret d'orthographe à l'usage des écoles primaires élémentaires, J. Migrenne, CM , Librairie Fernand Nathan, 1946.

Un bled plus ancien

- Dictées et corrigé des exercices orthographiques accompagnés d'analyses grammaticales pour chaque jour de l'année scolaire, et mis en rapport avec la grammaire française élémentaire, à l'usage des écoles chrétiennes, par L.C. et F.P.B.

Sixième édition, chez les éditeurs Ad Mame et Poussielgue-Rusand, 1844.

- Abrégé du recueil de mots français par ordre de matières par B. Pautex, ouvrage adopté par l'Université pour l'instruction primaire et les salles d'asile, trente-huitième édition avec des exercices qui servent d'application, Sandoz et Fischbacher, Editeurs, Hachette et Cie Libraire et Ch. Delagrave et Cie, 1972.