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Méthodes synthétiques


Les méthodes d'épellation et syllabique




Tout au long du XIXe siècle, les instituteurs sont inondés de méthodes et de tableaux de lecture. Pour beaucoup, ils en sont les concepteurs. Bon nombre de concepteurs s’interrogent sur les procédés en usage concernant l’appellation et l’épellation des méthodes synthétiques. Certains s’écartent de l’épellation pour une syllabation directe.

Des auteurs de quelques méthodes veulent même qu'on fasse entendre un e muet en nommant la consonne, et font prononcer à l'enfant l'articulation pure, sans addition d'aucune voyelle.



Classification des méthodes de lecture en fonction de l’épellation :

            bé-a ; ba

            be-a ; ba

            b-a ; ba

            ba


  


Nouvelle méthode de lecture sans épellation, lecture – écriture – orthographe, par A. Cuir (inspecteur primaire) et F. Loez (directeur d'école), Masson et Cie Editeurs,

Méthode syllabique menant de front la lecture, l’écriture et l’orthographe. L’élément étudié, son ou articulation, est tracé en rouge pour capter l’attention des enfants.


- Livret, 1892.

  

Lectures graduées pour les enfants du premier âge

par l'abbé Gauthier


L'abbé Gauthier intègre dans sa méthode de lecture une boîte typographique à ses jeux instructifs. Il associe un mode de récompense en jetons pour stimuler l'activité des enfants.

Sa « boîte typographique » est une boîte d'un pied de long sur six pouces de large ; l'intérieur est divisé en vingt-quatre compartiments, composés chacun de deux petites feuilles de carton qui se réunissent dans le fond de la boîte en formant ensemble un angle droit, et deux autres côtés qui ne sont que des séparations verticales. La boite, placée, d'un sens ou de l'autre, en face de l'enfant, lui présente ainsi quatre lignes, offrant chacune comme six petits pupitres qui portent tous une des vingt-quatre lettres de l'alphabet. D'un côté se trouvent les majuscules seules, de l'autre les minuscules avec les majuscules répétées. La boîte est accompagnée de trois alphabets semblables à ceux des compartiments, mais imprimés sur de petits morceaux de carton détachés.

On tourne d'abord la boîte de façon que l'enfant y voie l'alphabet des majuscules : on lui apprend à les connaître, et à placer dans leurs compartiments respectifs les lettres imprimées sur les cartons. L'abbé Gaultier, on le sait, veut intéresser l'élève à l'étude au moyen des jetons qu'il lui fait gagner ou perdre : on paie un jeton à l'enfant pour chaque lettre qu'il nomme ou qu'il place correctement, et on lui fait payer un jeton chaque fois qu'il se trompe. On lui enseigne ensuite les lettres minuscules de la même manière, en retournant la boîte ; les majuscules qu'il connaît déjà, et qui sont reproduites à côté des minuscules, l'aident à retrouver celles-ci. Quand il sait bien son alphabet, on lui fait composer des syllabes, puis des mots et des phrases.


- Paris Librairie Renouard, H. Loones successeur, 1880.

La grande majorité des méthodes ont toutes cela de commun, qu'elles partent de l'alphabet, des éléments les plus simples de la lecture, pour arriver à la composition des syllabes ou des mots : elles procèdent par synthèse. Ainsi font les maîtres des petites écoles (Démia, l'Ecole paroissiale), les grammairiens de Port-Royal, les Frères des écoles chrétiennes, Py-Poulain Delaunay, Cherrier, Viard, aussi bien que Dumas, aussi bien que de Vallange, Bertaud et leurs imitateurs. Quelques-uns, au nom de la logique, modifient le nom traditionnel des lettres de l'alphabet (Port-Royal, Delaunay, Dumas, Cherrier, Viard) ; d'autres suppriment en outre l'épellation et font prononcer les syllabes d'un seul coup (Cherrier, Viard) ; d'autres encore substituent à l'alphabet de vingt-cinq lettres un alphabet qu'ils déclarent plus rationnel et où ils font entrer tous les sons simples de la langue (de Vallange, Bertaud, Alexandre, Michel). Les procédés comme le bureau typographique, l'emploi des figures symboliques avec ou sans fiches, sont de simples moyens auxiliaires, qui pourraient s'adapter à des méthodes diverses, sans en affecter aucunement le principe fondamental. — En opposition à ces méthodes se placent celles qui, prenant pour point de départ le mot entier, le présentent d'abord tel quel à l'élève, et le font ensuite décomposer pour en tirer l'alphabet : celles-là procèdent par analyse (Radonvilliers, Adam). — Enfin, en dehors et à côté de ces deux systèmes opposés, nous voyons apparaître l'idée de l'enseignement simultané de la lecture et de l'écriture, ou même de l'enseignement de l'écriture substitué à celui de la lecture, l'élève se trouvant savoir lire par cela seul qu'il aura appris à écrire.

Toutes les méthodes qui se produiront encore, se rattacheront à l'un ou à l'autre des principes ci-dessus : ou bien on partira de l'alphabet (marche synthétique), ou bien on partira du mot entier (marche analytique) ; quelquefois, c'est à l'écriture qu'on demandera de fournir à l'enfant les éléments alphabétiques, qu'on lui fera ensuite assembler, soit en écrivant, soit en lisant (écriture-lecture avec marche synthétique) ; ou encore, par une combinaison de tous ces procédés, on partira des mots entiers, on les décomposera, on apprendra à l'élève tout à la fois à tracer les lettres et à les nommer, puis on lui fera, au moyen de ces lettres, recomposer des mots (écriture-lecture avec marche analytique et synthétique). (Dictionnaire Buisson)


  

Etudes des sons


L’étude des sons apparaît avec la méthode des figures symboliques.

Augustin Grosselin s’est orientée vers une autre forme d’association : la phonomimie.

Le lien entre la lettre et le son est tout conventionnel et c’est là une difficulté, car il y a une sorte d’abstraction entre un signe écrit et un effet sonore. La phonomimie substitue à la simple convention, qui n’a rien de saisissant pour l’enfant, une sorte de personnification des éléments vocaux qui met de la vie dans l’enseignement et lui donne un véritable attrait. On représente aux jeunes élèves une lettre non plus comme correspondant simplement à un son, mais comme étant l’expression visible de l’exclamation ou du cri poussé par un personnage dans une circonstance donnée. C’est ainsi que ah ! expression de l’admiration ; oh ! cri de l’horreur ; hu ! cri du cocher ; hé ! cri de l 'appel, seront respectivement employés pour arriver à l’étude des voyelles a, o, u, é.

Cette méthode sera introduite par Madame Pape-Carpentier dans les salles d’asile.

- La citolégie, Nouveau maître de lecture ou l'art d'enseigner à lire promptement ; par H.-A. Dupont, instituteur, troisième édition de 1831, à Paris chez L. Colas, Libraire, rue Dauphine, n°32.

- Ci-contre, une des dernières éditions, ornée de nombreux dessins,

à Paris, Librairie P. Ducrocq, Editeur-Propriétaire des ouvrages de H.-A. Dupont, 55 rue de Seine

Méthode baptisée Citolégie de H. A. Dupont,


H.-A. Dupont, instituteur, a publié sous le nom de Citolégie des tableaux d'épellation (première édition en 1814, nombreuses rééditions à partir de 1825 », gradués d'une façon ingénieuse, et dont l'emploi pouvait faciliter aux instituteurs de cette époque l'enseignement de la lecture. Il commence par l'alphabet, et adopte pour les consonnes l'appellation de Port-Royal ; il fait ensuite épeler oralement, sans montrer les lettres : b-a, ba, d-a, da, f-a, fa, etc., jusqu'à ce que l'élève sache épeler par cœur ; l'enfant étudie ensuite des tableaux de syllabes et de mots. Les exercices d'écriture sont associés à ceux de lecture. La citolégie n'est pas, on le voit, une méthode nouvelle ; c'est tout simplement une des formes de l'ancienne méthode synthétique, dans laquelle les exercices ont été gradués par un instituteur expérimenté.


"Toute syllabe est composée ou seulement d'un son, ou d'une articulation et d'un son. Le son ou voyelle peut être simple ou composé, représenté par une ou plusieurs lettres. Il en est de même de l'articulation ou consonne.

Faut-il dire que dans les syllabes qui commencent par une consonne, comme prends, cette consonne comprend toutes les lettres qui précèdent la première voyelle, c'est-à-dire pr, et que la voyelle comprend toutes les autres lettres, à partir de cette même voyelle, c'est-à-dire ends ?

Que lorsque la syllabe commence par une voyelle, la syllabe n'a qu'une seule partie, comme ours ?

- Tableau de lecture, 2e tableau, Voyelles simples représentées par une seule lettre.

  


 Enseignements

Méthode Thollois (1875)


Louis THOLLOIS, instituteur, Guide de la méthode universelle de lecture, d’orthographe et de calcul au moyen des caractères mobiles, Paris, Delagrave,



- Boîte Alphabet mobile Thollois, (papier collé sur zinc)

C’est une simple réédition du bureau typographique de Dumas et de la boîte typographique de l’abbé Gaultier.

  

Méthode de lecture utilisée par C.D. Férard, en 1846.

Mémoires d’un vieux maître d’école


Je continuai de suivre la méthode dite d’ancienne épellation, quoique, dans mes leçons particulières et avec les mêmes tableaux de Peigné (alors fort répandu chez nous), je suivisse la nouvelle épellation, qui augmente considérablement le chiffre des éléments de l’alphabet, mais qui, on le disait, ne décompose jamais la syllabe qu’en deux parties : le son et l’articulation, ou réciproquement. On ne connaissait pas encore, à ce moment, l’Essai de solution définitive de toutes questions concernant l’enseignement de la lecture, par Ch. Behagnon, essai qui n’est qu’une variante des procédés connues, et pas davantage.

Méthode de lecture par M. A. Peigné


Edité de 1832 jusqu’en 1894. Ouvrage couronné par la Société pour l’Instruction Elémentaire et diffusé dans les écoles mutuelles.


La base de la méthode est la suppression de l’épellation par lettres détachées. On fait connaître d’abord les sons simples monogrammes, c’est-à-dire représentés par une seule lettre (A, E, I, O, U) ; puis les articulations simples monogrammes (B, C, D…) ; puis enfin les sons simples articulés, c’est-à-dire joints à une articulation finale inséparable. De là, on passe aux sons simples polygrammes, c’est-à-dire représentés par plus d’une lettre (EU, OU, UN,…), et aux articulations simples polygrammes (CH, GN, ILL,…). On arrive enfin aux sons composés et aux articulations composées. Là se termine la lecture selon une orthographie régulière.


M. Peigné a voulu, comme le recommandent Dupont (de Nemours) et plusieurs Allemands, enseigner la lecture par l'écriture. Il fait tracer aux élèves des pleins et des déliés, puis les lettres i, u, t, l, m, n, p, qui leur font nommées au fur et à mesure ; une fois en possession de ces lettres, les élèves écrivent les syllabes il, ti, li, im, mi, etc., en les énonçant ; les exercices continuent avec de nouvelles syllabes ; dès la huitième leçon viennent des mots entiers, ami, midi, animal, papa, etc., et de petites phrases. Chaque leçon se divise en trois parties : 1° le maître écrit et nomme ' ce qu'il a écrit ; les élèves regardent, puis reproduisent sur l'ardoise ce qu'ils ont vu écrire, et l'énoncent tout bas (Exécution) ; 2° le maître se borne à écrire la même matière ; les élèves nomment ce qu'il écrit (Mémoire) ; 3° les élèves écrivent sous la dictée (Mémoire et Exécution). (Dictionnaire Buisson)

  

Nouveau Syllabaire par M.A. Peigné, Librairie Classique Eugène Belin, 1853.

Méthode de lecture par M. A.Peigné, Henri Oudin à Poitiers, libraire-Editeur, 1873.

L'épellation subsiste jusqu'au XIXe siècle car on apprend souvent à lire aux enfants en latin.

Le changement paraît dans les années 1830 avec la méthode Hachette-Firmin Didot, et surtout la méthode Peigné qui adoptent l'appellation phonétique des consonnes et débutent en partant des sons et des articulations simples, pour arriver aux sons et articulations composés.

Méthode lexicologique de lecture par Pierre Larousse


Pierre Larousse a voulu avoir, lui aussi, sa méthode de lecture, qu'il a appelée, nous ne savons pourquoi, Méthode lexicologique. Au moyen d'un alphabet à images, baptisé du nom d'alphabet phonétique et qui est tout simplement l'alphabet à écho de N. Michel et de Daubanton, l'élève apprend les lettres ; puis il étudie un syllabaire, que Larousse nomme la table de Pythagore appliquée à la lecture, et ensuite des exercices gradués. Dans quelques-uns de ces exercices, les consonnes nulles pour la prononciation sont représentées par des lettres blanches (idée empruntée à Py-Poulain Delaunay)

  

Liaison avec d’autres disciplines


Le langage oral joue un rôle important, car l’un des plus grands obstacles qui arrêtent les enfants, en lecture, c’est la nouveauté des sons et l’inintelligence des termes. Il faut donc, avant de leur faire lire un mot, les familiariser avec sa prononciation, et autant que possible, avec sa signification. L’enseignement de la parole est considéré comme un procédé préalable indispensable.

Des méthodes soulignent la nécessité de lier la lecture et l’orthographe sans forcément inclure l’écriture.

En fin XIXe siècle, on joint également à l’apprentissage de la lecture, le calcul et aussi le dessin, la grammaire, les leçons de choses et quelques fois l’histoire et la géographie. Au manuel de lecture se substitue alors le livre unique (Méthode Neel).

- Syllabaire Regimbeau, lecture-écriture-orthographe, Librairie Hachette et Cie, 1903 ; nouvelle méthode par la décomposition du langage en sons purs et en sons articulés.


- Tableaux de lecture Nos 7, 8,11 et 12.

Syllabaire Regimbeau


Edité de 1866 à 1951. Deux livrets.

Pierre Regimbeau est un ancien instituteur et ex-inspecteur de l'instruction primaire.


La méthode Régimbeau reprend une idée que nous avons déjà vue appliquée par les auteurs du Quadrille des enfants et leurs imitateurs, entre autres N. Michel et Daubanton : M. Régimbeau présente à l'enfant des images, celles d'une épée, d'un puits, d'un tonneau, d'un cadenas, etc., et lui enseigne, par le son final de ces mots, le son des voyelles et celui de quelques consonnes ; il lui montre en même temps les lettres correspondantes. Ensuite, à l'aide de ces quelques signes, il compose des mots faciles et de petites phrases ; quand l'enfant a vu tout l'alphabet, il sait lire ou à peu près. L'épellation est proscrite.

La méthode simplifie l'enseignement de la lecture par la décomposition du langage en sons purs et en sons articulés. Il y a seize sons purs, on nomme voyelles les signes qui les représentent, savoir : i, u, a, d, o, ô, é, è, e, an, in, on, un, eu, ou, oi. – Il faut les énoncer d'une seule émission de voix, c'est-à-dire sans épeler et sans nommer les accents.

Les sons articulés sont représentés par une voyelle précédée d'une consonne. – Un même son peut être articulé de vingt manières ; ces modifications sont indiquées au moyen des vingt consonnes b, k, d, f, j, l, m, n, p, r, s, t, v, x, h, gu, ch, gn, ill…

Les tableaux de la méthode Régimbeau sont convenablement gradués. Ajoutons que dans les exercices destinés à préparer l'élève à l'orthographe, l'auteur emploie un procédé déjà imaginé par Py-Poulain Delaunay : il écrit en italique les lettres finales ou autres qui ne se prononcent pas.

  

Méthode Néel, lecture en deux tableaux muraux et trois livrets, deuxième et troisième livrets ; lecture-écriture-leçons de choses en 150 gravures, grammaire, arithmétique et système métrique, géographie, dessin, Librairie Classique Armand Colin et Cie, 1884

Méthode Néel


La méthode Néel a simplifié l'exercice des baguettes. Les tableaux placés devant l'élève contiennent une série de consonnes disposées en une colonne verticale, et la série des voyelles disposées sur une ligne horizontale : le maître, muni d'une baguette, montre fixement un des sons, que l'élève énonce ; puis avec une autre baguette le maître parcourt la colonne des articulations et indique successivement chacune d'elles ; l'élève assemble par la pensée l'articulation et le son, et les énonce par une seule émission de voix, sans épeler. Dans ces tableaux, les articulations sont imprimées en noir et les sons en rouge ; dans les livrets, les articulations sont imprimées en caractères gras, et les sons en caractères ordinaires. Lorsque l'enfant connaît suffisamment les sons et les articulations, on le fait passer à la lecture des syllabes et des mots : pour lire une syllabe, il doit prononcer d'abord isolément le son, et en second lieu le son uni à l'articulation ; ainsi pour lire les syllabes du mot combinaison, l'enfant dira : om-com, i-bi, combi, ai-nai, combinai, on-son, combinaison. Ajoutons que M. Néel recommande de faire écrire l'enfant dès qu'il commence à lire, sans toutefois associer organiquement dans sa méthode l'enseignement de la lecture à celui de l'écriture : et qu'il offre à l'élève, à côté des phrases formant les premiers exercices, des images qui doivent servir de sujet à des leçons de choses.


Avec le premier livret et les deux tableaux muraux, l'enfant apprend rapidement à distinguer les sons d'avec les articulations, à les unir les unes aux autres, à décomposer les mots en syllabes. Avant de quitter le premier livret, il a pu lire les phrases dont sont composées les leçons de choses. En abordant le deuxième livret, il est familiarisé avec le mot et n'a plus qu'à apprendre à lire couramment. Le troisième livret a pour but d'habituer l'enfant à bien lire, de lui enseigner l'écriture, de lui donner quelques notions sur la forme, l'origine et l'emploi des objets qui l'entourent, de le préparer à l'étude de la grammaire, de l'arithmétique et de la géographie.

Syllabaire et grand syllabaire illustré de la méthode rationnelle de lecture par F.-A. Noël, instituteur public. lecture, écriture, calcul, dessin, petites maximes morales, Librairie Gédalge et Cie.

Syllabaire de la méthode rationnelle de lecture

par F. A. Noël


Lecture, Ecriture, Calcul, Dessin, Petites maximes morales.

Pour obvier à la difficulté de la division des syllabes, nous employons un trait syllabique très fin, pa/pa, qui sans espacer les syllabes, permet à l'élève de les distinguer dans les mots.

Pour vaincre la seconde difficulté, nous soulignons les éléments composés, sou/pe, et nous les réunissons dans un tableau en tête de chaque page, afin que l'élève puisse sans cesse s'y reporter.

Français


2. Les méthodes de lecture

au XIXe siècle

Méthode phonomimique d'Augustin Grosselin


Qu'il soit donné à l'école maternelle, à l'école enfantine ou à l'école primaire, l'enseignement de la lecture a besoin qu'on lui enlève l'aridité qu'il a trop longtemps présentée et qui est de nature à rebuter ceux auxquels il s'adresse. Le caractère essentiel de la méthode phonomimique est précisément de mettre de l'intérêt dans cette étude, même au début et quand il nr s'agit encore que des lettres, puis de conduire rapidement à la lecture des mots et des phrases.

  

- Enseignement de la lecture rendu attrayante et rapide par l'emploi de la phonomimie, de Augustin Grosselin, Librairie Classique Eugène Belin, Belin Frères, 8 rue Férou, 1919.

Cours de lecture de Pierre-Alexandre Lemare


En 1818, je publiai un opuscule intitulé : Philosophie de la lecture. J'avançais, chapitre 1er, « qu’on peut apprendre à lire sans connaître ni mots, ni syllabes, ni lettres. »… Toutes les autres méthodes de lecture, anciennes ou récentes, ne sont que des remaniements de la routine. Toutes ont des abécédaires, des syllabaires ou des listes de mots coupés par syllabes. Un éternel ennui les accompagne. Elles semblent inventées en mépris de l’intelligence humaine, à qui elles n’offrent que de vains sons, des sons sans idées.

- Cours de lecture de Pierre-Alexandre Lemare, Hachette, 1840

Enseignement Universel,

méthode Jacotot


Savoir un livre ; y apporter tous les autres ; telle est la méthode de l’Enseignement universel.

Apprendre un livre par cœur est nécessairement le premier pas à faire ; le début essentiel dans la méthode ; et le livre adopté comme base ordinaire d’instruction, non toutefois d’une manière exclusive, est le Télémaque de Fénélon.

Cette méthode consiste à faire apprendre un livre à l’élève, à lui faire faire toutes les combinaisons possibles avec les faits, les idées et les mots contenus dans ce livre, et à l’habituer à rapporter tout ce qu’il voit ailleurs à ce foyer des connaissances premières. L’axiome tout est dans tout a donc pour corolaire pratique celui-ci : Sachez une chose et rapportez-y tout le reste.

Enseignement Universel, méthode Jacotot. Cours complet pratique de langue française, chez Ponce Paris, 1830.

Jacotot présente à son élève la première phrase du Télémaque : « Calypso ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse ». Le maître lit à haute voix ; l'élève répète ; puis on lui fait écrire celte phrase, et on vérifie qu'il distingue tous les mots, toutes les syllabes, toutes les lettres. On retient l'élève sur cette première leçon jusqu'à ce qu'il la sache imperturbablement.

On passe ensuite à la seconde phrase, puis à la troisième, que l'élève étudie de la même manière ; ou lui fait répéter ce qu'il a déjà lu et écrit ; on lui demande de distinguer telle syllabe, telle lettre. « Montrez ca, pou, pouv, lyp, ait, un c, un i, etc. ; faites-les montrer à l'élève. Il faut, le plus tôt possible, exiger que l'élève, qui connaît les mots, fasse attention aux lettres et aux syllabes ; ce sera utile pour la grammaire. Dans pouvait, a, i, indiquent l'imparfait, et t est le signe de la troisième personne du singulier : l'élève le verra bien ; mais il faut qu'il connaisse parfaitement l'orthographe de ce mot. Il faut lui demander où est pou, où est pouv : cette décomposition du même mot de plusieurs manières différentes lui sera d'un grand secours dans l'étude des langues étrangères. La connaissance de la syllabe pouv lui fera deviner le mot pouvoir, et on le conduira ainsi à faire lui-même l'anatomie exacte des mots composés. »

Il suffit de six leçons et de cinquante lignes du Télémaque pour enseigner à lire : « Quand l'élève sait par coeur jusqu'à Calypso étonnée, on ne s'occupe plus de la lecture ».

Le procédé que Jacotot annonçait avec tant de pompe comme une invention merveilleuse était tout simplement celui qui avait été proposé au siècle précédent par l'abbé de Radonvilliers et Nicolas Adam : c'était la marche analytique substituée à la marche synthétique. Ce procédé, dans la forme où Jacotot l'employait, était peut-être la manière la plus simple d'enseigner la lecture soit de la langue maternelle, soit d'une langue étrangère, à. un adulte, à un élève capable d'un certain degré de raisonnement et d'abstraction, mais il était inapplicable avec des enfants de cinq ans. Nous verrons plus loin, en décrivant la méthode des mots normaux, dans quelle mesure et à quelles conditions il est possible d'employer le procédé analytique lorsqu'on veut enseigner la lecture à des enfants.

  

Abrégé de la Méthode naturelle de lecture

par M. Herpin,

Tableau analytique des sons ou élémens de la parole, contenant toutes les syllabes élémentaires qui entrent dans la composition des mots français.


L'objet de la méthode naturelle de lecture est de présenter, dans un ordre logique, les élémens et signes de la parole écrite, disposés selon leurs rapports naturels.


- Paris, 30 rue et place Saint-André-des-Arts, 1833.

- Abécédaire moral, ou leçons tirées de l'écriture sainte, propres à faire connaître les éléments de la religion chrétienne ; précédées de l'explication du jeu de lettres pour apprendre à lire en amusant ; et ornées de 31 jolies gravures. Quinzième édition, A Paris, chez Le Prieur, Libraire rue des Mathurins Saint-Jacques, hôtel Cluny, 1817.

- Grammaire du premier âge ou méthode facile et agréable, pour apprendre à écrire, à lire, et à orthographier, par Hubert Wandelaincourt, A Paris chez Ancelle, Libraire rue du Foin-Saint- Jacques, collège de M. Gervais, N° 265, An IX.

Il faut apprendre à écrire avant d'apprendre à lire.

- Méthode de lecture, d'écriture et d'orthographe, par Richard, premier livret syllabaire, nouvelle édition, Imprimerie-Libraire Camille Robbe, Editeur, Lilli, 98 rue Léon-Gambetta.

- Nouvel alphabet des premières connaissances par Mme Doudet, illustré de quarante-cinq vignettes, Paris, Librairie Théodore Lefèvre et Cie, Emile Guérin Editeur, 2 rue des Poitevins.

Liaison lecture et écriture


A l’exception de quelques concepteurs de manuels, la plupart d’entre eux sont favorables à la liaison de la lecture avec l’écriture. Le principal débat repose essentiellement sur le moment du démarrage de l’apprentissage ; doit-il précéder ou être simultané.

A. Peigné, pour sa part, dit clairement que la lecture doit s’apprendre par l’écriture, et non point isolément, ni surtout avant l’écriture.

Dans les écoles mutuelles, on fait marcher de front l’écriture avec la lecture, en les proportionnant à la force de chaque élève, et en les associant de manière que l’une sert de complément et comme de contrôle à l’autre.

Méthode de lecture dite lecture simplifiée


Méthode Maître, ancien instituteur, ex-Inspecteur des écoles primaires du Var, Directeur de l'Ecole Normale de Montpellier, Méthode reconnue par la Commission chargée de l'examiner préférable à toutes celles qui étaient parvenues à sa connaissance, Librairie Classique de Hachette et Mlle Maître, propriétaire-éditeur à Brignoles.

On fait étudier sur un tableau syllabique, tous les éléments des syllabes ; à mesure que l’élève connaît les éléments isolés portés sur le tableau, on les lui montre réunis et formant syllabes deux à deux. On lui apprend ensuite à diviser les mots en syllabes.


- livret, 1835.

Méthodes analytiques ou de "mots entiers"


Rompant d'une manière radicale avec la démarche d’apprentissage pratiquée depuis des siècles, Nicolas Adam, fin XVIIIe siècle, pose les premiers principes de la méthode globale.

Jusqu’à présent tous les concepteurs sont partis de l’alphabet. Certains ont modifié l'appellation des consonnes ; d’autres ont supprimé l’épellation des syllabes ; quelques-uns ont associé à l'alphabet des figures destinées à aider la mémoire ; d’autres encore l'ont étendu par les sons fondamentaux.

Ici, il s’agit d’une méthode inverse : celle qui part des mots entiers, et n’arrive à l’analyse des syllabes et à la connaissance de l’alphabet que lorsque l’enfant sait lire.

Pourquoi les enfants n’apprendraient-t-ils pas à lire comme on apprend à parler, c’est-à-dire en lisant d’emblée des mots entiers issus de leur langage familier et non en mémorisant des éléments vides de sens ? C’est ce que Nicolas Adam, appelle la « marche exacte du connu à l’inconnu ».

Au cours du XIXe siècle, quelques méthodes de mots essaient de s’imposer au milieu des innombrables méthodes d’épellations et de syllabiques.

  

Alphabet et premier livre de lecture à l'usage des écoles primaires


Distribué dans 25000 communes par le ministre Montalivet, il bénéficia d’un nombre impressionnant d’éditions jusqu’en 1912.

Méthode sans épellation, étude des sons et articulations.

 

- Auteur anonyme attribué à Ambroise Rendu,

 MM. L. Hachette et Firmin Didot, 1833.

La statilégie ou méthode Lafforienne


M. de Laffore, auteur de la Statilégie (lecture immédiate), a cru découvrir ce qu'il appelle la « loi fondamentale de la lecture ». Elle consiste en ceci, que les consonnes sont des sons distincts, aussi bien que les voyelles : « Lire n'est autre chose que prononcer successivement les voyelles et les consonnes dans l'ordre où elles sont écrites et sans combinaison des unes avec les autres » ; donc il ne faut pas lire les mots par syllabes, mais seulement « prononcer l'une après l'autre les lettres convenablement apprises : les syllabes et les mots résultent inévitablement pour notre oreille de la seule prononciation chronologique des voyelles et des consonnes ». On voit que M. de Laffore applique tout simplement le procédé synthétique, mais en supprimant la synthèse élémentaire, la syllabation.

Après avoir, à l'époque où l'auteur prit un brevet d'invention (1827), joui d'une vogue momentanée et recueilli les suffrages d'hommes comme Mignet, Francoeur et Magendie, qui avaient été frappés de l'apparente simplicité du principe sur lequel elle est fondée, la méthode lafforienne est tombée dans l'oubli.

Quoi qu'il en soit, la statilégie occupe une place importante dans l'histoire de l'enseignement de la lecture en France, car, si elle n'a pas eu les brillantes destinées qui lui étaient prédites, elle a été le point de départ des améliorations qui se sont produites depuis dans les méthodes de lecture.

- Statilégie ou Méthode Lafforienne pour apprendre à lire en quelques heures. Par M. De Bourrousse De Laffore, docteur en médecine, Paris Imprimerie et Lithographie Maulde et Renou, octobre 1852.

- Alphabet bleu de Jules Laffore fils ; il indique que la théorie faite par son père qu'il n'existe pas de voyelles nasales, n'est pas adoptée par ses fils. La voyelle nasale existe pour toute la France moins les provinces du midi.

- Alphabet ingénieux ou Méthode très-facile, pour apprendre à lire en peu de jours, par Jean Moulinier et Pierre Gobain, Maîtres écrivains de la ville de Bordeaux. Chez Nyon jeune, libraire, au Pavillon des Quatre-Nations à Paris, 1784.

Anciennes méthodes


Les grammairiens de Port-Royal sont les premiers à proposer une réforme pour l'enseignement de la lecture, en modifiant l'ancienne méthode d'épellation. En prononçant séparément les consonnes et en les faisant appeler aux enfants, dit l'un d'eux, Guyot, on y joint toujours une voyelle ; sçavoir e, qui n'est ni de la syllabe, ni du mot : ce qui fait que le son des lettres appelées est tout différent des lettres assemblées. Par exemple, on fait épeler aux enfants ce mot bon, lequel est composé de trois lettres, b, o, n, qu'on lui fait prononcer l'une après l'autre. Or, b prononcé seul fait bé ; o prononcé seul fait encore o, car c'est une voyelle ; mais n prononcée seule fait enne. Comment donc cet enfant comprendra-t-il que tous ces sons qu'on lui a fait prononcer séparément, en appelant ces trois lettres l'une après l'autre, ne fassent que cet unique son bon ? On lui a fait prononcer trois sons, dont il a les oreilles pleines, et on lui dit ensuite : assemblez ces trois sons et faites-en un, savoir bon. » Port-Royal propose, pour remédier à cet inconvénient, « qu'on ne nommât les consonnes que par leur son naturel, en y ajoutant seulement l'e muet, qui est nécessaire pour les prononcer. (Grammaire générale de Port-Royal, chap. VI.)

L'idée première de ce procédé semble avoir appartenu à Pascal.

  

Avec le dix-huitième siècle paraissent en foule les novateurs de tout genre. L'idée de renouveler les anciennes méthodes d'éducation, de rendre l'étude facile et attrayante, est une de celles qui passionnent le plus les esprits.

Le système de Py-Poulain Delaunay est certainement l'une des tentatives les plus remarquables et les plus sensées qui ont été faites pour simplifier l'enseignement de la lecture. Il est dans la continuité de la méthode de Port-Royal restée ignorée jusque là du public. Son ouvrage intitulé Méthode du sieur Py-Poulain de Launay, ou l'art d'aprendre à lire le français et le latin, par un nouveau sistème si aisé et si naturel qu'on y fait plus de progrès en trois mois, qu'en trois ans par la manière ordinaire. Paris, chez Nicolas Le Clerc et Jean-François Hérissant, MDCCXIX., est restée à peu près inconnue.


En 1719, M. de Vallange, dans un ouvrage intitulé Nouveaux systèmes ou nouveaux plans de méthodes pour parvenir en peu de temps et facilement à la connaissance des langues et des sciences, des arts et des exercices du corps, expose un procédé de son invention, qui consiste à enseigner à lire au moyen de figures symboliques correspondant aux divers sons de la langue. Cette idée est reprise par l'abbé Bertaud, qui l'exécute en 1744 sous le nom de Quadrille des enfans. Ayant fixé à 160 le nombre des sons fondamentaux de la langue dont la connaissance est nécessaire pour la lecture, il les représente par autant de figures, véritables hiéroglyphes, images d'objets familiers à l'enfance comme des bas, un nez, un lit, des os, un bossu, un cheval, un verre, une fleur, une dent, etc.


L'abbé de Radonvillers, de l'Académie française, est certainement le premier qui suggéra l'idée d'une méthode entièrement nouvelle : celle qui part des mots entiers, et n'arrive à l'analyse des syllabes et à la connaissance de l'alphabet que lorsque l'élève sait lire. (De la manière d'apprendre les langues, Paris, 1768).

Mais l'idée est reprise et développée pratiquement par un grammairien peu connu, Nicolas Adam, qui publie en tête de sa Vraie manière d'apprendre une langue quelconque (Paris, 1787) quelques pages intitulées : Nouvelle manière d'apprendre à lire aux enfans sans leur parler de lettres et de syllabes.

L'auteur s'étonne qu'on ait pris jusqu'ici le contre-pied de ce qu'il faut faire pour enseigner à lire aux enfans. On les tourmente longtemps pour leur faire connaître et retenir un grand nombre de lettres, de syllabes et de sons, où ils ne doivent rien comprendre parce que ces éléments ne portent avec eux aucune idée qui les attache et les amuse. Lorsque vous voulez faire connaître un objet à un enfant, par exemple un habit, vous êtes-vous jamais avisé de lui montrer séparément les parements, puis les manches, ensuite les devants, les poches, les boutons, etc.? Non, sans doute ; mais vous lui faites voir l'ensemble, et vous lui dites : Voilà un habit. C'est ainsi que les enfants apprennent à parler auprès de leurs nourrices : pourquoi ne pas faire la même chose pour leur apprendre à lire ? Eloignez d'eux les alphabets et tous les livres français et latins, amusez-les avec des mots entiers à leur portée, qu'ils retiendront bien plus aisément et avec plus de plaisir que toutes les lettres et les syllabes imprimées.

- Alphabet constitutionnel, rédigé à la portée des Enfans, de l'un et l'autre sexe, pour leur apprendre à lire en peu de temps, et les élever dans les principes de la Nouvelle Constitution. Pour Dieu, et la Patrie, A Paris, chez Charbonnier, Libraire, L'an premier de la République & de l'Egalité, 1793.

J'ai, 1°, divisé les syllabes ainsi : Légi-la-teurs ; après quelques progrès sensibles, l'enfant trouve Lé gis la teurs ; enfin, Lé gis la teurs & Constitution. Lors donc qu'il en est à ce degré, il peut avoir la seconde partie.

On me demendera peut-être pourquoi les Droits de l'Homme se trouvent dans la seconde partie ; la raison se présente d'elle-même : afin que l'enfant les apprenne dans un âge susceptible de mémoire.

  

L'idée d'enseigner simultanément la lecture et l'écriture aux enfants est fort ancienne. Montaigne raconte qu'on lui apprit en même temps à lire et à écrire, en mettant les lettres, les sons et les mots qui devaient lui servir d'exemples, sous des feuilles de corne ou de papier transparent, en sorte qu'il n'avait qu'à tracer les figures des lettres trait par trait. Delaunay fils, en 1741, conseille aux parents qui enseignent à lire à leurs enfants de leur mettre la plume à la main dès qu'ils commencent la lecture, et de les faire écrire, quelque jeunes qu'ils puissent être ». Le chanoine Cherrier indique, comme un expédient plus simple que tous les autres pour enseigner à lire, le procédé suivant : écrire sur une ardoise avec de la craie une ou deux lettres à la fois, et obliger les enfants de les nommer et même de les imiter, également avec de la craie ; s'ils forment mal ces caractères, on les efface pour les leur faire recommencer ; on leur donne ensuite des syllabes et des mots qu'on leur apprend de même à écrire et à prononcer. On peut par ce moïen, ajoute-t-il, former en peu de temps de jeunes enfans à lire et à écrire tout à la fois. On en a connu qui avoient été instruits de cette manière, et qui à l'âge de cinq ans lisoient assez couramment et formoient passablement bien leurs lettres et toutes sortes de chiffres.

C'est en 1793 que Pierre Samuel Dupont de Nemours propose à la Convention de renverser l'ancien usage, et de faire commencer l'instruction littéraire par l'apprentissage de l'écriture. Il écrit : la lecture n'est rien, l'écriture est tout. Historiquement et logiquement, l'écriture précède la lecture. Celui qui sait écrire, sait lire. (...) On ne doit s'embarrasser aucunement de la lecture dont on n'aura plus besoin de faire l'étude, si l'écriture est bien enseignée.

François de Neufchâteau, en 1799, reprenant l'idée des précurseurs, préconisent de lier l'apprentissage de la lecture et celui de l'écriture en l'étendant aux écoles publiques, idée souvent exprimée durant la période révolutionnaire.

  

Le quadrille des enfants


ou système nouveau de lecture, avec lequel tout enfant de quatre à cinq ans, peut, par le moyen de 84 figures coloriées, être mis en état de lire dans toutes sortes de livres, en trois ou quatre mois.


- Par feu M. Berthaud, septième édition, A Paris, chez Arthus Bertrand, Libraire.

  

Méthode analytique-synthétique de lecture

ou méthode directe par les mots normaux

de G. Toussaint, instituteur, et M. Toussaint, institutrice,

Librairie A. Hatier.


Conçue à la fin du XIXe siècle, cette méthode lie langage, lecture et écriture à partir d'une leçon de choses, mais elle présente immédiatement aux enfants des mots à lire, si courts soient-ils, or, rue, âne,... et non des éléments extraits des mots.

- Premier livret, Lecture, Ecriture, Enseignement intuitif de la langue maternelle, 1944.


- Tableau de lecture

Autres méthodes

Méthode complète de lecture (1834)

Joseph Piroux (1800-1884)

Chez Conty, libraire à Nancy et Debicourt, Libraire à Paris.


Ces avantages sont d'être on ne peut plus attrayante, d'être rigoureusement analytique, synthétique et analogique, d'aller d'abord de la langue parlée à la langue écrite, et ensuite de la langue écrite à la langue parlée, de préparer à l'étude de l'orthographe et de rectifier et perfectionner la prononciation.

  

- livre, deuxième édition, 1878.

La lecture apprise en 60 jours,

d'après la méthode de M. D'Esterno (1877)


Expérience faite à l'Ecole Normale d'Auteuil,

Imprimerie administrative de Paul Dupont, 1878.


Ce qui retarde l'étude de la lecture, c'est qu'on ne met en jeu que la mémoire de l'enfant, en évitant soigneusement de se servir de son intelligence…

La langue française n'a que 33 lettres réelles, voyelles, consonnes, diphtongues ; les autres font toutes double emploi. Pourquoi ne pas apprendre d'abord à l'élève les 33 lettres utiles, sauf ensuite à lui enseigner celles qui font double emploi.

La lecture s'enseignerait ainsi en deux étapes. 1re étape, lecture à l'aide d'un alphabet simplifié ; 2 e étape lecture conforme à l'alphabet ordinaire.

Dans la pratique, vous apprenez à l'élève les 4 lettres l. a. m. i.

Vous faites lire avec ces lettres. En vous préoccupant, pour le moment, de la prononciation seulement et nullement de l'orthographe, vous pouvez obtenir de ces 4 lettres une vingtaine de mots. Quand l'élève aura dans la tête son premier stock de 4 lettres vous en adjoignez une 5e, r. Et vous faites lire une trentaine de mots nouveaux, etc.

L'alphabet simplifié, c'est la langue française parlée, la seule que sait l'enfant.

Au bout de quarante jours vous pouvez commencer à lui apprendre la lecture de la langue française écrite.

  

Méthode intuitive

Lecture et Ecriture simultanées par A. Lesesne, Librairie Classique Internationale A. Fouraut.

 

- Deuxième livret,1910.

Méthode Javal (1893)

La lecture enseignée par l'écriture par le docteur Emile Javal, ingénieur des Mines, préface de M. I. Carré, Inspecteur général honoraire de l'Enseignement primaire Alcide Picard et Kaan, Editeurs.


- Deuxième livret, deuxième édition, 1894.

Méthode Cuissart

Enseignement pratique et simultané de la lecture, de l'écriture, de l'orthographe et du dessin, contenant 76 vignettes et des notions élémentaires de dessin d'après la méthode de M. Lacabe, professeur d'Ecole normale.

E. Cuissart, directeur d'école, élabore une méthode très populaire. L'écriture vient au secours de la mémoire, écrit-il, l'enfant retiendra mieux la forme d'une lettre quand il l'aura écrite.


- Premier livret, Librairie d'Education nationale Alcide Picard et Kaan, Editeurs, 324e édition, 1904.

- Deuxième livret, Librairie d'Education nationale Alcide Picard et Kaan, Editeurs, 225e édition, 1903.

- Deuxième livret, étude des sons et des articulations composés, Librairie Picard-Bernheim et Cie, 7e édition, 1886.