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1. Les salles d'asile

Les écoles à tricoter


"C'est dans les Vosges, au Ban de la Roche en 1771, que nous voyons la première école maternelle. Tandis que le pasteur Oberlin transformait ce misérable canton par l'agriculture et les arts industriels qui s'y rattachent, il s'aperçut vite que les enfants des écoles passaient un long temps désœuvrés, les filles surtout ; pendant que le père et la mère travaillaient aux champs et au tissage, les petits, eux, étaient forcément abandonnés tout le jour. Heureusement, son cœur était fécond en idées généreuses et s'appuyait sur un grand esprit d'organisation et un grand sens pratique, développé encore par ses luttes contre ceux mêmes qu'il voulait tirer d'une misère à demi barbare. Aux grands il fallait un abri, une occupation qui ne fût pas un travail, une surveillance qui n'arrêtât ni l'amusement ni la conversation ; aux petits il fallait les soins et l'enseignement d'initiation de la mère. Oberlin loua quelques chambres vastes et éclairées. Sa femme Salomé Witter, et sa servante Louise Schoeppler, qui par son dévouement intelligent s'était fait une place dans la famille, s'entendirent admirablement à le seconder ; elles remplacèrent les mères absentes. Pendant cinquante-huit ans, Louise Schoeppler continuera l'œuvre et conserva la tradition du maître.

Oberlin sait que le dévouement ne suffit pas à la tâche si complexe de l'éducation. En même temps qu'il offre un asile aux enfants des cinq communes de son canton, il pense au profit qu'en retireront les écoles qu'il a fondées. Avec sa femme il prépare des conductrices, il les initie à cette méthode intuitive dont nous retournerons plus tard chercher le secret à l'étranger.

Les enfants joueront sous la surveillance douce et maternelle, ils tricoteront, ils éplucheront du coton, etc. ; mais leurs travaux et leurs jeux seront accompagnés de chants propres à former leur cœur ; ils causeront, mais le patois, seule langue connue d'eux, sera un moyen d'arriver au français ; les objets qui les entourent seront donc nommés en patois d'abord, en français ensuite : ils apprendront à connaitre le nom, la vertu, les caractères des plantes qui poussent dans leur région, ils en feront des collections ; le long des haies ou à travers champs, dans les belles journées du printemps et de l'été, guidés par les conductrices, ils chercheront les fleurs qui leur ont été décrites ; on leur inspirera le désir d'en cultiver en leur enseignant à les dessiner.

L'esprit d'observation est ainsi développé en eux, en même temps qu'ils apprennent à suivre, au cours des saisons, le travail persévérant et progressif de la nature.  Pendant les promenades et par des images enluminées répandues à foison, ils étudient les animaux qui vivent dans leurs montagnes ; on leur raconte des histoires instructives sur les hommes et sur leur pays. Tout est vie et vérité autour d'eux.

Pour affermir sa méthode, pour l'éclairer, Oberlin réunit les conductrices, elles enseignent sous ses yeux, il enseigne lui-même, et, dit un de ses contemporains, " il profite des circonstances que lui présentent les choses en apparence les plus simples pour répandre des connaissances utiles sur l'histoire naturelle, l'industrie, l'histoire des hommes réunis en société, sur la physique et sur d'autres sciences".

Voilà bien un cours normal organisé et voilà aussi dans toute sa netteté cette forme d'enseignement désigné aujourd'hui sous le nom barbare de leçons de choses."

(Les écoles maternelles, par Melle M. Matrat, Librairie Ch. Delagrave, 1881)


L'œuvre d'Oberlin, bien que reconnue et approuvée par la Convention en 1793, n'est pas poursuivie. Après sa mort, une fondation est créée en 1827 pour continuer le travail entrepris, mais ce n'est que très lentement que les institutions enfantines se répandent et par un autre cheminement.

En 1825, un comité de dames charitables est formé autour de Mme de Pastoret et Mme Jules Mallet.

Ce comité obtient du Conseil général des Hospices de Paris une subvention de 3000 francs et la concession d'un local à la maison des Ménages, rue du Bac. Un asile recevant 80 enfants y est ouvert en avril 1826.

Denys Cochin, maire du XIIe arrondissement, de son côté, réunit, dans deux chambres de la rue des Gobelins, un certain nombre de petits enfants, et cherche, lui aussi, à créer des asiles. 

En 1827, sur sa proposition, le Comité de dames, qui cherche à introduire en France la méthode des Infant Schools, charge Mme Eugénie Millet, d'aller étudier cette méthode en Angleterre.

C'est dans la salle d'asile d'essai du Comité des Dames que Mme Millet commence à mettre en pratique la méthode qu'elle a étudiée en Angleterre en l'adaptant au tempérament français.

Puis le Comité ouvre en 1828, dans la rue des Martyrs, une nouvelle salle que Mme Millet organise avec un plein succès.

Les salles d’asile

Etablissements de charité


Des personnes charitables comme Madame Mallet, des philanthropes comme Jean Denys Cochin, conçoivent l'idée de créer les salles d'asile.

Les salles d’asile se donnent pour mission d’accueillir les enfants pauvres, livrés à eux-mêmes, dont la mère ne peut s’occuper.

Le Conseil général des Hospices, afin de pourvoir à l'organisation du Comité des Dames et  à l'administration des asiles, institue (arrêté du 3 février 1830) un Comité des Dames des salles d'asile de Paris dont il confie la présidence à Mme de Pastoret. Ce comité délibère sur les Asiles qui sont à former, sur les locaux à choisir, sur les dépenses, sur les méthodes, sur les améliorations à introduire, etc... Il choisit les directeurs ou directrices d'Asiles. Les Dames du Comité partagent entre elles la surveillance des Asiles.

Le 25 février 1830, Mme Eugénie Millet reçoit du Comité des Dames le titre d'Inspectrice générale des salles d'asile de la Ville de Paris.

L'exemple donné par le Comité des Dames et par Cochin porte ses fruits. De nombreuses salles d'asile sont fondées, non seulement à Paris, mais dans les principales villes de province.

Toutefois les salles d'asile sont considérées à peu près partout plutôt, et non sans raison, comme des établissements de charité, que comme des établissements d'éducation.


Guizot, dans sa loi du 28 juin 1833 concernant l'instruction primaire, n'inclue pas les salles d'asile mais, dans la circulaire du 4 juillet, en souligne l'intéret.

En première ligne, se présentent les écoles les plus élémentaires de toutes, celles qui sont connues sous le nom de salles d'asile et où sont reçus les petits enfans de l'âge de deux à six ou sept ans, trop jeunes encore pour fréquenter les écoles primaires proprement dites, et que leurs parens, pauvres et occupés, ne savent comment garder chez eux ; les établissements de ce genre, depuis longtemps en vigueur dans quelques pays voisins, commencent à se multiplier parmi nous; et plusieurs villes, notamment Paris, Lyon, Rouen, Nîmes en ont déjà reconnu les bons effets. Indépendamment des avantages de sûreté et de salubrité qu'elles offrent pour les petits enfans, si souvent et si dangereusement délaisses habitudes d'ordre, de discipline, d'occupation régulière, qui sont un commencement de moralité; et en même temps ils y reçoivent de premières instructions, des notions élémentaires qui les préparent à suivre avec plus de fruit l'enseignement que d'autres établissements leur offriront plus tard. L'utilité physique, intellectuelle et morale des salles d'asile est donc incontestable; elles sont la base et pour ainsi dire le berceau de l'éducation populaire; elles profitent enfin directement aux parens eux-mêmes; car les mères, libres des soins qu'exigeaient d'elles leurs jeunes enfans, peuvent se livrer sans inquiétude au travail et tirer constamment un salaire de leur journée.


L'œuvre des salles d'asile est purement charitable et n'a aucun caractère officiel, les offrandes et les souscriptions ne pouvant suffire aux besoins, il est nécessaire que la dotation soit assise sur des revenus fixes pour assurer son existence. Guizot décide de faire porter au budget de toutes les communes ayant un revenu suffisant les dépenses d'organisation et d'entretien des salles d'asile. (circulaire du 27 avril 1834)

L'ordonnance du 26 février 1835 prescrit aux inspecteurs de l'instruction primaire dans les départements de comprendre les salles d'asile au nombre des établissements qu'ils doivent visiter.

Les salles d'asile intègre l'instruction publique


La circulaire du 6 avril 1836 classe les salles d'asile au nombre des écoles relevant du ministère de l'instruction publique. Elles sont soumises à l'autorité des comités locaux et d'arrondissement. Le Comité des Dames déclare que « son existence se trouve ainsi terminée » ; il donne sa démission le 22 décembre 1836.



L'ordonnance du 22 décembre 1837 organise les salles d’asile :

Art.1er - Les salles d'asile, ou écoles du premier âge, sont des établissements charitables où les enfants des deux sexes peuvent être admis jusqu'à l'âge de six ans accomplis, pour recevoir les soins de surveillance maternelle et de première éducation que leur âge réclame.

Il y aura dans les salles d'asile des exercices qui comprendront nécessairement les premiers principes de l'instruction religieuse, et les notions élémentaires de la lecture, de l'écriture, du calcul verbal. On pourra y joindre des chants collectifs et moraux, des travaux d'aiguille et tous les ouvrages de main.

Art.5 - Les salles d'asile peuvent être dirigées par des hommes ; toutefois, une femme y est toujours préposées...

Art.6 - Les directeurs et directrices de salles d'asile prennent le nom de surveillants et de surveillantes.

Art.8 - Tout candidat aux fonctions de surveillant et de surveillante d'asile, outre les justifications de son âge, devra présenter les pièces suivantes.

1. Un certificat d'aptitude ;

2. Un certificat de moralité ;

3. Une autorisation pour un lieu déterminé.

Art.19 - Des dames inspectrices seront chargées de la visite habituelle et de l'inspection journalière des salles d'asile.

L'arrêté du 24 avril 1838 fixe la tenue et le programme des salles d'asile :

Art.8 - ...Il y aura toujours, quelque soit le nombre des enfants, une femme de service dans chaque salle d'asile.

Art.17 - Les salles d'asile seront ouvertes :

du 1er mars au 1er novembre, depuis sept heures du matin jusqu'à sept heures du soir,

du 1er novembre au 1er mars, depuis huit heures du matin jusqu'à six heures du soir au plus tard.


C'est vers cette époque que Mlle Marie Carpentier (plus tard Mme Pape-Carpentier) organise avec sa mère la salle d'asile de la Flèche (Sarthe), sa ville natale. Ses succès la font appeler au Mans (1842). Intelligente et laborieuse, elle se consacre à l'observation de l'enfance, et trace la méthode à suivre pour faire pénétrer sûrement dans la salle d'asile les premières notions des connaissances élémentaires et les premiers principes du bien. Après quelques années d'expériences, elle écrit les Conseils aux directrices, qui paraissent en 1846.

Les salles d'asile et les écoles enfantines sont assimilées aux écoles primaires et deviennent gratuites

(loi 16 juin 1881).

Art. 1er - Il ne sera plus perçu de rétribution scolaire dans les écoles primaires publiques ni dans les salles d'asile publiques.

Art. 7 - Sont mises au nombre des écoles primaires publiques donnant lieu à une dépense obligatoire pour la commune...:

1. Les écoles communales de filles qui sont ou seront établies dans les communes de plus de quatre cents âmes ;

2. Les salles d'asile ;

3. Les classes intermédiaires entre salle d'asile et l'école primaire, dites classes enfantines, comprenant des enfants des deux sexes, et confiées à des institutrices pourvues du brevet de capacité ou du certificat d'aptitude à la direction des salles d'asile.


Tous les avantages dont jouissent les institutrices communales sont attribués aux directrices et sous-directrices de ces établissements.

  

Les salles d’asile

Etablissements d'instruction



Après la révolution de Février, par l'arrêté du 28 avril 1848, les salles d'asile sont assimilées à des établissements d’instruction publique.

Article premier — Les salles d'asile, improprement qualifiées établissements charitables par l'ordonnance du 22 décembre 1837, sont des établissements d'instruction publique. Ces établissements porteront désormais le nom d'écoles maternelles.

En 1847, sous le patronage du ministre Salvandy, une maison provisoire d'études destinée à compléter l'instruction des personnes qui désirent se vouer à la direction ou à l'inspection des salles d'aile (une sorte d'école normale), organisée par Mme Emilie Oberkampf-Mallet, s'ouvre à Paris au n° 12 de la rue Neuve-Saint-Paul. Cette maison est placée sous la surveillance d'une commission administrative composée de dames faisant partie de la commission supérieure des salles d'asile. L'école ne permet pas d’accueillir plus de six élèves et dans des conditions particulièrement spartiates.


Mlle Carpantier appelée du Mans est placée à la tête du nouvel établissement.

(cet établissement portera le nom d'Ecole Pape-Carpantier par le décret du 19 décembre 1878)

La même année, Denys Cochin fonde un asile modèle rue Saint-Hippolyte dans lequel doit être éprouvée et fixée la méthode à suivre (Cet asile prendra plus tard le nom de son fondateur). A la salle d'asile proprement dite est joint un Cours normal destiné à préparer un personnel enseignant, cours normal que dirige Mme Millet de 1828 à 1838. 

« Ayant reconnu, après quelques années d'administration en qualité de maire d'un arrondissement de Paris, qu'il était désirable d'accroitre le bien-être de la population par la fondation d'une salle d'asile, et d'en faire une section nécessaire d'un établissement d'éducation primaire, je formai le projet de bâtir une maison-modèle contenant des classes de toute espèce et pour tous les âges. » (Denys Cochin le Manuel des salles d'asile)

Salle d'asile de la filature Lemarchand du Houlme en Seine-Inférieure servant à accueillir les enfants des ouvrières.

Plans salles d'asile

L'école enfantine ou classe enfantine


Dans les écoles mixtes qui comptent un certain effectif de population, il arrive souvent que l'instituteur se fait aider dans sa tâche par une personne de sa famille, à qui, sans titre officiel, il confie le soin de faire la classe au plus jeunes enfants pour pouvoir s'occuper avec plus de fruit de l'instruction des ainés. Il est reconnu que cette manière de procéder produit de bons résultats.

En 1880, Jules Ferry décide que dans toute commune où l'école de garçons d'une part, l'école de filles de l'autre sont encombrées par un trop grand nombre d'élèves de moins de sept ans, le mieux est de réunir ces touts petits enfants dans une salle spéciale, et de former, avec ce trop plein des deux écoles, une bonne classe préparatoire, sorte d'intermédiaire entre l'asile et l'école. Cette classe enfantine sera dirigée par une femme...

Qu'à l'avenir la nomination faite par l'instituteur titulaire, d'une personne de sa famille, femme, fille, sœur ou mère, aux fonctions d'adjointe (munie du brevet de capacité) peut être approuvée.


Il y a deux sortes d'écoles enfantines :

les unes, en petit nombre, sont des établissements spéciaux, indépendants des autres établissements scolaires, ayant leur existence propre, dans les villes importantes et forment la transition entre l'école maternelle et l'école primaire. L'enseignement donné est la continuation de celui des salles d'asile et le commencement de celui qui est donné à l'école primaire ;

les autres, plus répandues, tiennent lieu dans les communes rurales, d'écoles maternelles, et préparent les jeunes enfants à suivre les écoles spéciales de filles ou de garçons.

Enseignement par les yeux, Nouvelles images à l'usage des salles d'asile et des écoles élémentaires, accompagnées d'histoires et de leçons explicatives. Editions Hachette & Cie.

 « Soyez plus que des éducateurs, soyez des libérateurs »

                                                                                    Marie Pape Carpentier

  

Après le retrait du projet de loi Carnot, les salles d'asile reprennent le nom qu'on leur donne ordinairement mais restent au nombre des établissements d'éducation.

 

Décret du 16 mai 1854 :

Art. 1er - Un comité central de patronage, placé sous les auspices de l'Impératrice, est institué près le ministère de l'instruction publique et des cultes, pour la propagation et la surveillance des salles d'asile en France. (il sera dissous en 1871)

Entre la Société de charité maternelle, qui secourt le nouveau-né de l'indigent, et la salle d'asile, qui reçoit l'enfant parvenu à sa deuxième année, il existait une lacune regrettable qui a été heureusement comblée par la création de la crèche. Cette institution, dont le but est de garder et de soigner les enfants en bas-âge dont les mères travaillent hors de leur domicile, est placée sous la protection de l'Impératrice (décret du 26 février 1862).

  

Art. 2. — Il est institué, près l'académie de Paris, une école maternelle normale, pour l'instruction des fonctionnaires des écoles maternelles, en remplacement de la maison provisoire établie à Paris, rue Neuve-Saint-Paul.

Marie Carpantier en est nommée directrice. Elle est sans doute ainsi la première femme placée officiellement à la tête d’un établissement d’enseignement.

Cet établissement prend le nom de cours pratique en 1852. Son objet est d'enseigner aux aspirantes la méthode des salles d'asile et de les préparer à diriger ces établissements soit à Paris, soit dans les départements. On y admet des internes et des externes laïques et religieuses de vingt et un à quarante ans. Chaque session dure quatre mois. Les cours sont entièrement gratuits mais la pension est de 60 francs par mois. Des bourses peuvent être accordées.

L'Ami de l'enfance, décembre 1854.

Revue conçue par Louis Hachette.

Le premier numéro sort en juin 1835 sous la direction d'Augustin Cochin, membre du Conseil général du département de la Seine et Battelle, chef du Bureau à l'administration générale des Hospices civils de Paris. La publication cesse en 1840. Elle reprend en 1846 jusqu'en 1896, sous la responsabilité du baron C. Jubé de la Perrelle, secrétaire adjoint de la Commission supérieure des salles d'asile, puis d'Eugène Rendu, Marie Pape-Carpantier, Pauline Kergomard et Charles Defodon.

Elle est rédigée par des inspecteurs et inspectrices, instituteurs et institutrices, élus, philanthropes


  

Bâtiments scolaires, gradin et bancs pour salles d'asile.

Moniteur des architectes, Caudrilier Editeur Paris.

Gradin et bancs immobiles de salle d'asile


Il faut, dans un des points de la Salle et à son extrémité en longueur, construire un gradin, estrade ou. amphithéâtre assez vaste pour recevoir à la fois et au même moment tous les enfans admis à fréquenter la Salle d'Asile.

Des bancs latéraux et immobiles doivent aussi les recevoir tous, en lignes de développement assez prolongées pour qu'ils puissent y prendre les leçons de lecture, d'écriture, et s'y aligner au commencement et à la fin des classes, pour la prière et la division par groupes.

  

Conseils pour la lecture


On apprend à lire par le mode d'épellation ordinaire, par le chant et par les exercices de la planche noire.

Par la méthode ordinaire, l'épellation se fait aux groupes ou cercle qui entourent un porte-tableau, d'une manière tout à fait analogue à ce qui se passe dans les écoles d'enseignement mutuel.

La lecture par chant s'exécute au gradin: le Maître se pose à sa place ordinaire du milieu, la main gauche sur un porte-tableau auquel est accroché une planche ou carton représentant les lettres de l'alphabet ; il les indique en mesure, et les enfans chantent.

A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, 0, P, Q, R, S, T, U, V, X, Y, Z.


Lorsque toutes les lettres sont ainsi connues, on change le carton ou tableau pour en substituer un autre, couvert de syllabes de deux lettres, et on fait chanter ces syllabes à la totalité des enfans comme on leur a fait chanter les lettres.

Le tableau est ainsi conçu :

ba ca da fa

be ce de fe

bi ci di fi

bo co do fo

bu cu du fu

On le chante sur la musique indiquée.

Toutes le syllabes peuvent être successivement apprises et chantées de cette manière.

Du mobilier de la Salle d'asile

et des dépenses à faire pour l'achat et l'entretien de ce mobilier

(Manuel des fondateurs et des directeurs des premières écoles de l'enfance, connues sous le nom de salles d'asile, par M. Cochin, 1834, L. Hachette)


Indépendamment du gradin et des bancs immobiles dont il vient d'être parlé dans les dispositions générales du local, le mobilier de la Salle doit se composer d'un certain nombre d'objets qui vont être énumérés et dont on trouvera le tracé aux planches qui terminent le manuel.


87. Un poêle entouré d'une grille ou balustrade en fer ou en bois, d'un mètre au moins de hauteur, pour que les enfans ne puissent pas s'approcher de la porte d'aspiration, ni recevoir l'influence immédiate des bouches de chaleur ;


88. Douze chaises pour le professeur et les visiteurs ;


89. Un chevalet portant une planche noire et des crayons blancs ;


90. Un boulier-compteur ;


91. Un nombre de porte-tableaux proportionné au nombre d'élèves, et d'une touche en bois

à chaque porte-tableau ;


92. Une ou plusieurs collections de tableaux imprimés, collés sur des planchettes, et représentant des syllabes de deux ou trois lettres et des modèles de lettres d'écriture cursive. Il est bien en outre, que ces lettres cursives, suivies du tracé des dix chiffres et de plusieurs figures géométriques, soient peintes sur ces murailles comme étant perpétuellement proposées à l'imitation des enfans ;


93. Un carton ou boîte à images ;


94. Un nombre d'ardoises et de crayons proportionné au nombre d'élèves ;


9S. Une table à écrire debout ;


96. Trois Registres et un Cahier de notes : ces Registres sont le Registre-matricule, le Registre des visiteurs et le Registre des recettes et dépenses ;


97. Un sifflet ou une clochette ;


98. Un claquoir en bois (forme de livre).


99. A l'extérieur, doit se trouver un hangar ou auvent pour abriter les enfans dans les temps de pluie.

Si ces hangars ou auvents peuvent être fermés et chauffés, ils serviront de préau l'hiver.


100. Sous l'auvent, un nombre de rayons destinés à recevoir les paniers dans lesquels les enfans apportent des vivres pour leur ;


101. Une ou plusieurs lignes de champignons en bois pour suspendre les casquettes, vestes et tabliers pendant la récréation ou pendant la classe.


102. Sous 1'auvent peuvent être aussi établis un ou deux lits de camp pour les enfans qui sont surpris par le sommeil ;


103. Enfin, dans le préau sont très convenablement placées quelques barres suspendues à 1 mètre environ de hauteur, pour faciliter les jeux gymnastiques proportionnes à l'âge des enfans admis dans les Asiles ;


104. Plusieurs baquets ou jattes pour recevoir de l'eau, une cinquantaine de sébiles en bois ou gobelets d'étain, pour servir de bols et de tasses aux enfans ;


105. Quelques tabliers de toile de plusieurs tailles, pour envelopper et recouvrir les vêtemens des enfans qui seraient trop mal vêtus ;


106. Douze petites éponges et deux grosses pour le service de la Salle, et celui des Élèves tes plus avancés.


107. Lorsque le Directeur ou la Directrice de l'Asile ne possède pas de mobilier en sa propriété particulière, il faut joindre à tout ce qui vient d'être énuméré un lit et quelques ustensiles indispensables de ménage.


108. L'ensemble du mobilier de la Salle d'Asile peut coûter de six à douze cents francs, selon les localités et selon la solidité et la valeur du bois et des matières employées pour sa confection.

Les salles d'asile ne sont pas seulement des refuges destinés à préserver les jeunes enfants des dangers physiques et à procurer aux parents pauvres la liberté du travail ; elles sont aussi, et surtout, des établissements d'éducation, explique H. Fortoul.

Le programme prévu par le décret du 21 mars 1855 complété par l'arrêté du 21 mars 1855 est ambitieux :

Art. 1er - Les salles d'asile, publiques ou libres, sont des établissements d'éducation où les enfants des deux sexes, de deux à sept ans, reçoivent les soins que réclame leur développement moral et physique.

Art. 2 - L'enseignement dans les salles d'asile, publiques ou libres, comprend :

1. Les premiers principes de l'instruction religieuse, de la lecture, de l'écriture, du calcul verbal et du dessin linéaire ;

2. Des connaissances usuelles à la portée des enfants ;

3. Des ouvrages manuels appropriés à l'âge des enfants ;

4. Des chants religieux, des exercices moraux et des exercices corporels.

Les leçons et les exercices moraux ne durent jamais plus de dix à quinze minutes, et sont toujours entremêlés d'exercices corporels.

Art. 19 - Les salles d'asile publiques ou libres seront à l'avenir exclusivement dirigées par des femmes.

Art. 20 - Nulle ne peut diriger une salle d'asile publique ou libre avant l'âge de 24 ans accomplis, et si elle ne justifie d'un certificat d'aptitude.

Les lettres d'obédience délivrées par les supérieures des communautés religieuses régulièrement reconnues, (...) leur tiennent lieu de certificat d'aptitude.

L'enseignement de la lecture comprend les voyelles et les consonnes, l'alphabet majuscule et minuscule, les différents espèces d'accents, les syllabes de deux ou de trois lettres, les mots de deux syllabes. L'enseignement de l'écriture se borne à l'imitation des lettres sur l'ardoise. L'enseignement du calcul comprend la connaissance des nombres simples, leur représentation par le chiffres arabes, l'addition, la soustraction enseignées à l'aide du boulier-compteur, la table de multiplication apprise de mémoire à l'aide des chants, l'explication des poids et mesures donnée à l'aide de solides ou de tableaux...

Dès 1859, le Comité central de patronage constate que l'on consacre beaucoup trop de temps à un enseignement scolaire qui n'est pas toujours en rapport avec l'âge et la destination des élèves, et qu'on n'y laisse pas une place suffisante pour les exercices physiques si nécessaire au libre développement de l'enfance.

Pour empêcher ces abus, Rouland réforme les matières d'enseignement et exige un enseignement plus simple. Il établit un règlement qui fixe la durée du temps consacré à  chaque matière, mais encore l'heure à laquelle chacun de ces petits enseignements est donné.

Préparer des âmes saines dans des corps robustes, voilà le but que doit poursuivre tout système d'éducation bien entendu.


Les enfants sont souvent mal vêtus et n'ont pas une nourriture suffisante. Pour obvier à cette double insuffisance, des vêtements sains et propres sont distribués ainsi que des aliments chauds dans certaines salles d'asile. Duruy demande aux préfets de favoriser l'introduction  dans les salles d'asile des distributions de soupes et d'aliments chauds en recourant aux ressources suivantes : dons ; souscription, quêtes et loteries organisées par les comités de patronage ; legs et donations ; subventions, et en réclamant le concours actif et toujours dévoué des dames patronnesses.

Art. 8 - Le titre de salle d'asile modèle peut être conféré par le ministre de l'instruction publique, sur la proposition du Comité central de patronage, à celles des salles d'asile qui auraient été signalées, par les déléguées spéciales, pour la bonne disposition du local, l'état satisfaisant du mobilier, les soins donnés aux enfants, ainsi que pour l'emploi judicieux et intelligent des meilleurs moyens d'éducation et de premier enseignement.

Il y a à Paris, un Cours pratique avec pensionnat, destiné : 1° à former, pour Paris et les départements, les directrices et sous-directrices de salles d'asile : 2° à conserver les principes de la méthode établie ; 3° à expérimenter les nouveaux procédés d'éducation et de premier enseignement dont l'essai serait recommandé par le Comité central de patronage.

Carte postale : Classe enfantine du pensionnat de Mme Dégez à Béthune, 1907.

Décrets et règlements concernant les salles d'asile, Paris Imprimerie impériale, 1855.

Livret envoyé aux maires pour les comités locaux de patronage des salles d'asile.

Les salles d'asile


... A Strasbourg, depuis longtemps déjà, toutes les petites filles des salles d'asile en état de tenir des aiguilles tricotent ; le nombre de paires de bas confectionnées par elles est considérable. Chaque année on les distribue en prix aux enfants. Les garçons sont occupés à parfiler de la soie, qui se file ensuite et peut se teindre, puis être tricotée. A Lyon, dans quelques autres villes encore, et dans plusieurs des asiles de Paris, le travail a également été adopté comme propre à faire contracter aux enfants une habitude qui, inculquée à cet âge, devient un goût, bientôt après une seconde nature, et plus tard les doit préserver de la misère et de ses maux.

A Paris, pendant l'année 1843, plus de mille enfants ont été reçus dans les vingt-quatre salles d'asile pendant la journée de travail de leur mère. Des souscriptions ont permis de fournir aux plus pauvres d'entre eux les vêtements qui leur manquaient. Plus de huit mille huit cents enfants ont profité de ce bienfait...  ( L'illustration, 1er juin 1844)

  

L'entrée des enfants dans

la salle d'asile Cochin

La prière et la lecture

Vue générale de la Salle d'asile Cochin et Le Jury