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Affiche de la Commission Américaine de Prévention Contre la Tuberculose en France, Bureau de la tuberculose (crois Rouge Américaine)

Hygiène et santé


2. La lutte contre la tuberculose




La tuberculose provoque des ravages jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Les dégâts causés sont plus importants dans les villes que dans les campagnes.

La médecine reste longtemps impuissante et il faut attendre Robert Koch pour qu'en 1882 soit isolé le bacille qui porte son nom.

L'action antituberculeuse n'est d'abord le fait que d'initiatives privées, dispersées et sans grands moyens.(Yvonne Knibiehler)

A cette époque, la seule stratégie possible est préventive. Le docteur Armaingaud de Bordeaux, fonde en 1891 la Ligue préventive contre la tuberculose, ligue de vulgarisation et d'éducation sur la contagion de la tuberculose et les moyens de s'en défendre.

Avec la loi du 15 juillet 1893 sur l'Assistance médicale gratuite, une prévention auprès de la population est entreprise en associant les enseignants à cette démarche.

En 1903, son comité de préservation s'adresse en ces termes aux instituteurs : Personne mieux que vous ne saurait apporter une aide efficace contre la tuberculose et ses deux puissant auxiliaires, l'alcoolisme et le logement insalubre. Le Comité a mis à la disposition des instituteurs un guide informatif sur la maladie et leur a demandé d'y adhérer pour la somme symbolique d'un franc par an.


A Paris la prise en compte des conditions de logement et l'assainissement urbain entraine la solution du tout-à-l'égout pour résoudre le problème des vidanges.

En 1896, l'Assistance publique de Paris met sur pied une Commission de la tuberculose, et en 1912 est formé un groupe parlementaire pour la défense contre cette maladie.

C'est avant la Première guerre mondiale que se constitue l'Alliance internationale contre la tuberculose, dirigée par Léon Bourgeois.

La loi Bourgeois du 15 avril 1916, qui institue des dispensaires d'hygiène sociale et de préservation antituberculeuse, est suivie de la loi Honnorat du 7 septembre 1919 qui permet l'essor des sanatoriums publics.

L'Union nationale des sociétés de secours mutuels d'instituteurs et d'institutrices de France et des colonies (UNSSMI) ouvre son sanatorium à Saint-Feyre en 1906.

  


 Documents

La première guerre mondiale marque un tournant important dans la politique antituberculeuse. L'utilisation des gaz de combat provoque des lésions pulmonaires chez de nombreux militaires. Les conséquences économiques sur les conditions de vie de la population entraînent une recrudescence de la maladie. Le Gouvernement décide alors de coordonner les efforts et de développer de nombreux organismes antituberculeux.

En 1917, la Mission américaine de préservation contre la tuberculose, surnommée fondation Rockefeller, s'installe en France (jusqu'en 1922) et développe la lutte contre la maladie, notamment en multipliant les campagnes publicitaires sur un ton sérieux mais aussi fantaisiste et en instaurant les visiteuses d'hygiène.


Des camions parcouraient la France « le char d'Hygie » transportant affiches, tracts, brochures, jeux (de l'oie par exemple), bandes dessinées que l'on distribuait dans tous les lieux publics et que l'on commentait dans les écoles, les ateliers, les administrations ; des conférences, des émissions radio, des représentations de cinéma, de marionnettes se succédaient rapidement tenant le public en éveil.

En 1919, le Comité national de défense contre la tuberculose prend la succession de la Mission Rockefeller et des oeuvres de guerre ; en étroite coopération avec le ministère de l'Hygiène, récemment créé, il assure le service technique et l'inspection des établissements, poursuit la propagande et l'instruction populaire (émissions de radio, publications du périodique La Vie saine, campagne du timbre antituberculeux, 1925). (Yvonne Knibiehler)

Durant l'entre-deux-guerres une amélioration apparaît car on la soigne plus efficacement.

La France reste cependant en retard sur les autres pays industrialisés. La protection sociale arrivant très tardivement, les assurances sociales sont instituées qu'en 1930 et nous sommes le dernier pays européen à l'adopter.

La loi de finances du 30 avril 1921 attribue des congés de longue durée aux membres de l'enseignement public atteints de tuberculose ouverte.


C'est dans cette période que la peur de la maladie est la plus grande. Le dépistage dans les écoles est devenu systématique et le BCG a été rendu progressivement obligatoire pour certaines catégories d'enfants.

Un des matériaux symboliques les plus représentatifs de la propagande en faveur de la prévention contre la tuberculose est le timbre antituberculeux. C'est un timbre revenant tous les ans à la même époque de l'année, sans valeur postale qui est diffusé sur tout le territoire national dont l'objectif est double, financier et éducatif.

Introduit en France grâce au soutien de la Fondation Rockefeller, la première campagne nationale se déroule en 1927 (la dernière aura lieu en 1967).


L'Union nationale des sociétés de secours mutuels d'instituteurs et d'institutrices de France et des colonies pour compenser la perte de rétribution des enseignants malades, constitue en mars 1929, l'Association des malades en congé de longue durée de Sainte-Feyre (ACLD).

En 1937, la coopération entre la Fédération des œuvres mutualistes de l'Enseignement public (FOME), l'Association des malades en congé de longue durée de Sainte-Feyre (ACLD) et le Syndicat national des instituteurs (SNI) aboutit à la création de la Caisse normalienne, chargée d'organiser la lutte antituberculeuse dans les écoles normales.

Décret du 29 juillet 1921 (Instruction publique)

Application des dispositions de l'article 71 de la loi de finances du 30 avril 1921 concernant l'attribution de congés de longue durée aux membres de l'enseignement public atteints de tuberculose ouverte ou de maladies mentales.

... Art. 4 . — Lorsque l'inspecteur d'académie (pour l'enseignement secondaire ou primaire) ou l'inspecteur général (pour l'enseignement technique) estime, sur le vu d'une attestation médicale ou sur un rapport des supérieurs hiérarchiques d'un fonctionnaire, que celui-ci, par son état physique ou mental, fait courir aux enfants un danger immédiat, il peut le mettre pour un mois en congé d'office avec traitement intégral. Pendant ce délai, il réunit la commission prévue à l'article 2 en vue de provoquer son avis sur la nécessité d'un congé de plus longue durée...

(JO du 3 août 1921.)

Le recul de la tuberculose s'amplifie après la seconde guerre mondiale grâce aux antibiotiques

L'Assistance publique, de son côté, décide d'organiser une prophylaxie collective et sociale. Les grandes idées développées sont l'isolement du tuberculeux, le placement familial pour les enfants. Dans ce but l'Assistance publique crée de nombreux services spécifiques dans ses hôpitaux. Certains médecins souhaitent déjà rendre obligatoire la déclaration de la maladie, cependant la loi ne sera votée qu'en 1964. De même, si la vaccination fait ses débuts il faut attendre 1950 pour qu'elle soit obligatoire. le BCG (bacille de Calmette et Guérin) apparu en 1921, a connu quelques déboires.

Tout cas dépisté chez les instituteurs est vécu comme un danger pour les enfants.

L'ordonnance du 31 octobre 1945 reconnaît les droits à la post-cure et à la réadaptation du tuberculeux. Jusque dans les années 50, le retour de l'enseignant provoque des résistances même dans l'institution scolaire qui considère toujours l'ancien malade comme dangereux.

La découverte de la streptomycine par Selman Abraham Waksman, arrive en France avec l'arrivée des troupes américaines. De 1949 à 1953, le recul de la maladie est comparable à celui enregistré durant la quart de siècle précédent.

D'autre médicaments plus élaborés vont suivre ; le Rimifon en 1952, puis le Rifampicine en 1966 qui permet d'affronter les cas les plus sévères.

La loi du 5 janvier 1950 fait obligation pour tous les enfants, dès les premier et deuxième âges s’ils fréquentent crèches, pouponnières, dès la naissance s’il y a un tuberculeux dans l’entourage, et en tout cas avant l’âge de 6 ans (obligation scolaire), d’être vaccinés par le BCG.


A partit de 1968, des malades autres que tuberculeux sont admis dans les sanatoriums.

  

Le timbre antituberculeux



A la fois production iconographique et pratique culturelle, le timbre antituberculeux a été de par le monde et en France en particulier, un des matériaux symboliques les plus représentatifs de la propagande en faveur de la prévention contre la tuberculose.

Tous les ans, il donne lieu à une campagne de propagande intensive et de durée limitée, revenant à la même époque de l'année 

L'histoire du timbre antituberculeux s'inscrit dans celle de la lutte contre la tuberculose.

C'est au Danemark, en décembre 1904, que le premier timbre antituberculeux fait son apparition.

Introduit en France en 1925 grâce au soutien de la Fondation Rockefeller, ce premier essai est limité au seul département de la Meurthe-et-Moselle ; puis, en 1926, étendu à neuf départements ; enfin, en 1927, c'est la première campagne à l'échelle nationale.

La réussite du timbre est telle, qu'en 1930, 15 nations participent au premier congrès international des timbres de santé. En 1954, 53 nations éditent le timbre antituberculeux.


Par le caractère éducatif qu'il a pris dans ses débuts, le timbre antituberculeux a donné une impulsion nouvelle à la propagande contre la tuberculose. Sa vente et sa promotion s'accompagnent d'une « campagne du timbre » qui, par une action de masse, vise toutes les strates de la société. Ces campagnes « intensives », limitées dans le temps, le plus souvent à date fixe, ont fait appel dans tous les pays à des techniques de propagande à peu près analogues : la presse, la radio, le cinéma, et l'école surtout. Force de l'image, du document imprimé (tracts, brochures, affiches…) ou sonore (débats, conférences radiophoniques, chansons) se conjuguant, pour informer, éduquer, conditionner en jouant sur divers ressorts psychologiques, entre autres la persuasion et l'émulation


Pour que le timbre joue pleinement son rôle d'instrument d'éducation sanitaire et exerce son influence, de préférence sur la jeunesse, les promoteurs du timbre français ont attribué une place particulière au concours de l'école et des éducateurs. C'est cette priorité essentielle réservée à l'éducation sanitaire qui, à nos yeux, fait tout l'intérêt du timbre antituberculeux français, depuis son lancement national (1927) jusqu'aux années 50. Deux points ont retenu particulièrement notre attention. Le premier, c'est l'importance accordée à l'école dans la diffusion de la propagande sanitaire et le recours à l'écolier comme vendeur et propagandiste. Le second, c'est la facture originale du timbre, à la fois « image » et « légende » ; pensée discursive et pensée symbolique s'allient, ici, pour en faire, dans son essence même, une « vignette éducative ».


Comment se présente cet objet ? C'est une vignette de 2 cm sur 3,5 cm présentant un « sujet » assorti d'une légende « frappante », l'indication de l'année, du prix et celle du nom du Comité de Défense contre la Tuberculose (dont il est l'œuvre) et, en rouge, la croix-emblème de la lutte antituberculeuse. Cette « vignette éducative » accompagnée d'une campagne de propagande a pour « mission » d'« éclairer le public tout entier sur ce sujet » (la tuberculose) ; d'« éveiller en chacun de nous l'idée de devoir social qui nous incombe et qui est d'entrer dans la lutte contre la tuberculose». (Arlette Mouret, « L'imagerie de la lutte contre la tuberculose : le timbre antituberculeux, instrument d'éducation sanitaire », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 1994)

La vignette « Le baiser au soleil » de la première campagne nationale de 1927, est le premier spécimen de la série des vignettes éducatives émises par le Comité national de défense contre la tuberculose.

On note deux périodes, marquées par la coupure de la seconde guerre mondiale, la parution du timbre cessant pendant ces cinq années.

A ces deux périodes, correspondent deux factures thématiques différentes, se caractérisant globalement ainsi : avant 1940, les conseils illustrés ont trait à l'éducation sanitaire (règles de vie saine et préceptes d'hygiène générale et corporelle), mais on note aussi les débuts de la prévention. Après la guerre, surtout après 1947, place est faite à la médicalisation, la prévention et la réinsertion sociale : l'éducation hygiénique cède le pas à la solidarité sociale.

  

Jusqu'en 1967, la vignette propose une image et une légende différentes. A partir de 1968-69, texte et image se dissocient : le slogan cesse d'être renouvelé systématiquement chaque année et ne figure plus que sur le talon gommé du timbre. Le projet pédagogique de la « vignette éducative », dès lors, n'existe plus.

TABLEAU  DES LEGENDES DU TIMBRE FRANCAIS (1927-1967)


1927                Le baiser au soleil

1928                Vivre

1929                De la lumière

1930                Propreté

1931                De l’air pur

1932                Joie de vivre

1933                Jeux et santé

1934                Calmette sauve des tout-petits

1935                Mieux vaut prévenir

1936                La défense contre la tuberculose

1937                Sauvé !

1938                Net et propre

1939                Espoir

1945                Renaître

1946                Propreté et santé

1947                Guéri… Je travaille

1948                Le BCG protège contre la tuberculose

1949                Tôt dépisté, vite guéri

1950                Sans repos pas de guérison

1951                Villemin : la tuberculose est contagieuse donc évitable

1952                Le dispensaire

1953                La science vaincra

1954                Cinquantenaire du timbre antituberculeux (1904 – 1954)

1955                Préserver

1956                « Vous guérir »

1957                Reprends ta place

1958                Notre salut ! (le BCG)

1959                Savoir se protéger

1960                Défendez vos enfants contre la tuberculose

1961                Traitement bien suivi, guérison assurée

1962-63           BCG : une assurance contre la tuberculose

1963-64           Mieux informé, mieux défendu

1964-65           Tuberculose dépistée, contagion évitée

1965-66           Tous unis, tous responsable

1966-67           Le BCG te protégera contre la tuberculose

Cibles privilégiées : les enfants et les jeunes, à la fois destinataires et médiateurs du message. Pierre angulaire de l'éducation sanitaire et de la vente du timbre : les maîtres de l'enseignement auxquels se joignent souvent des associations de jeunes, scouts, étudiants, jeunes ouvriers et agriculteurs. A tous les échelons, l'Instruction publique est mobilisée : inspecteurs primaires ; inspecteurs d'académie devant préparer les instituteurs à cette tâche nouvelle. Des outils pédagogiques sont diffusés à leur intention : ainsi dès le début de la campagne, le Manuel général de l'Instruction primaire ouvre ses colonnes aux articles que le Comité de propagande lui adresse. Ces articles servent de fil conducteur et de thèmes aux leçons d'hygiène, dictées, « devoirs de style » ou « devoirs de maison » qui, sous toutes ces formes, doivent instruire les écoliers « sur les mesures de prophylaxie et sur le devoir d'entraide sociale ». A l'usage de l'écolier « vendeur propagandiste », est rédigé un Petit guide de l'écolier, au sommaire, trois parties. « Ce qu'il faut savoir. Ce qu'il faut faire. Ce qu'il ne faut pas faire ». Il doit connaître l'histoire du timbre, ses objectifs et ses « bienfaits », savoir où va l'argent et être apte à surenchérir sur l'idée de devoir social : « ne pas timbrer lettres et paquets à l'aide du Timbre antituberculeux, c'est commettre une faute contre son prochain ». C'est « librement » qu'il « entre » dans ce rôle de propagandiste, tâche dont il doit sentir « la beauté et l'utilité sociale ». Poli dans sa demande, il doit également être gai, « même devant une rebuffade », parce qu'il il n'est pas « un solliciteur importun, mais le serviteur d'une cause de solidarité sociale »


Pour rallier et conjuguer les énergies et obtenir une efficience accrue, un système de récompenses et de distinctions est mis en place : coupes, médailles, objets d'art, prix spéciaux gratifiant non seulement les écoliers ayant excellé en la matière, mais aussi les instituteurs et, hors du milieu scolaire, les départements, villes et communes les plus méritants.

Affiche cartonnée.

Ecoliers de France, achetez tous et faites acheter autour de vous le timbre antituberculeux "de l'air pur" qui sera vendu partout en décembre 1931 et dont les recettes serviront à vous protéger, vous, vos frères et vos soeurs contre la terrible maladie.

Vous serez ainsi les bons artisans d'une oeuvre de salut national.